Publié le 15 décembre 2019
FREERIDE WORLD TOUR
Crédit photo : Mia KNOLL

FREERIDE WORLD TOUR

Compétitions hors pistes et hors normes
SPORTS D'HIVER
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Ski, Snowboard, Reportage

Dès les premiers flocons, les freerideurs du monde entier se tournent vers les montagnes pour retrouver leur jeu favori, la glisse hors pistes. Dédié aux esprits libres, le Freeride possède sa propre compétition internationale, le Freeride World Tour, qui récompense chaque année les meilleurs athlètes de la planète.  Focus sur cet événement aussi impressionnant que vertigineux.

Une histoire du Freeride

Crédit photo : Jérémy Bernard

C’est bien en France que la pratique hors pistes a commencé à faire des vagues, voire de grosses déferlantes de poudreuse, vers la fin des années 70 avec des aventuriers d’un nouveau genre. Ils s’appelaient Sylvain Saudan, Patrick Vallencant, Bruno Gouvy ou Jean Marc Boivin et n’hésitaient pas à se rendre dans les pentes les plus raides pour s’adonner à leur passion.

Depuis ces premières descentes de pionniers, visionnaires et quelque peu têtes brulées, le Freeride a évolué. Ils furent suivis de près par les américains. Des icônes comme Glen Plake et Scott Schmidt, révolutionnent le style et changent la donne, ouvrant un peu plus l’expérience au reste du monde dans la décennie des eigthies.

C’est en 1991 que la première compétition de Freeride a lieu, les World Extreme Ski Championships. Elle se déroule à Valdez en Alaska et réunira la crème de la crème des freerideurs américains de l’époque. Attirés par cet événement hors normes, de jeunes riders français et européens ne tardent pas à tenter leur chance outre-atlantique. L’un d’eux, Guerlain Chicherit, réussira même l’exploit de remporter le premier titre en 1999, surpassant les meilleurs athlètes et même son mentor, Seb Michaud. Cette date fut un tournant décisif dans l’évolution du Freeride, avec une exposition inattendue et bénéfique de cette pratique au reste du monde.

Un an plus tard, c’est au tour du snowboard de briller en compétition, toujours en Alaska, avec les World Extreme Snowboarding Championships. L’épreuve deviendra plus tard, sous l’égide du talentueux Nick Peralta, le King of the Hill. Deux manifestations qui verront se succéder de grandes pointures du monde de la planche à neige telles que Matt Goodwill, Shaun Palmer, Steve Klassen, Tina Basich ou Axel Pauporté.

Cet engouement prend de l’ampleur et pousse un jeune freerideur, Nicolas Hale-Woods, à lancer le Verbier Xtreme en 1996

Cet engouement prend de l’ampleur et pousse un jeune freerideur, Nicolas Hale-Woods, à lancer le Verbier Xtreme en 1996, à l’origine strictement réservé au snowboard. En accueillant les 10 meilleurs skieurs mondiaux en 2004 et en mixant les disciplines cette année là, la compétition devient un événement incontournable du milieu de la glisse, un avant-goût de celui que l’on connaît aujourd’hui.

 

Crédit photo : Dom Daher

Qu’est-ce que le Freeride World Tour ?

Depuis l’Xtreme de Verbier, l’événement a grandi. Sous la direction de la société FWT Management SA, il devient en 2008 le Freeride World Tour (FWT) et donne également naissance à d’autres compétitions et programmes connexes, le Freeride World Qualifier (FWQ), le Freeride Junior World Championships (FJWC), le Freeride Junior Tour (FJT) et le Freeride World Club (FWC), en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, et en Océanie.

100% naturel, 100% brut, les compétiteurs doivent faire avec et imaginer leur trace sur cette même montagne

Crédit photo : Dom Daher

L’exclusivité de cette compétition d’audaces et de prises de risques réside également dans le fait que rien n’est construit sur place, rien n’est damé, rien n’est modifié. Le terrain est certes sécurisé mais aucune transformation n’est apportée aux faces qui seront descendues par les freerideurs.

Ainsi, l’essence du Freeride est préservée, on célèbre la montagne et ce qu’elle nous donne.

100% naturel, 100% brut, les compétiteurs doivent faire avec et imaginer leur trace sur cette même montagne, sauvage et abrupte, sauter des corniches, descendre des couloirs et nous faire rêver en utilisant leurs talents et leur créativité. Il y a une porte de départ et une ligne d’arrivée, c’est tout.

Dans un souci d’équité et de respect des concurrents, un conseil de freerideurs pros, le PFB, a été créé et s’assure du développement positif de la pratique Freeride avec les compétitions du FWT. Il est composé d’athlètes reconnus du milieu et chapeauté par un secrétaire général. Leur tâche est de donner leurs opinions et faire entendre leurs voix en ce qui concerne le calendrier des événements, le format de compétition, les règles de jugement, l’accessibilité de nouveaux venus sur le circuit et le système de notation.

Freeride World Tour

Circuit de pratique freeride en snowboard et en ski réunissant les meilleurs riders de la planète dans une compétition sur les plus prestigieuses « faces » à travers le monde.

Freeride World Qualifier

Circuit de qualification pour découvrir les athlètes freerideurs en devenir qui pourront ensuite participer au FWT. Ces derniers accumulent des points au travers de 80 événements organisés partout dans le monde (dont 40 en Europe). Les événements sont divisés en un système de 4 étoiles. Un podium d’une compétition 4* rapporte davantage de points qu’un 3* ou un 2*. La liste de critères pour cette notation prend en compte la difficulté de la face, l’importance de l’organisation et le montant de la récompense.

Freeride Junior Tour + Freeride Junior World Championship

Circuit de compétitions dédié aux jeunes athlètes de 10 à 18 ans. Ces jeunes ont aussi droit à un apprentissage complet sur la prévention en matière de blessures, de sécurité et d’environnement montagnard.

Freeride World Tour Academy

Réseau d’écoles de ski coopérant avec le FWT pour apprendre et développer la pratique freeride.

 

Crédit photo : Jérémy Bernard

Édition 2020

Les freerideurs

En 2020, le Line Up se compose de 11 skieuses et 23 skieurs, 6 snowboardeuses et 9 snowboardeurs. Parmi eux, on compte 5 français : Marion Haerty et Victor de le Rue en snowboard, Wadeck Goark, Léo Slemett et Juliette Wilmann en ski.

Ces athlètes sont les meilleurs. Pour les catégories Ski femme, snowboard femme et snowboard homme, sur des centaines de participants, c’est seulement 1 rider qui est sélectionné par région(1) et par catégorie, cela laisse imaginer le niveau plus qu’exigeant de la compétition.

En ski homme, ils seront 3 chanceux par région. Ils ont réussi à cumuler assez de points au FWQ pour se qualifier afin de concourir sur le circuit des pros, le FWT. D’autres ont déjà participé la saison précédente et sont d’office reclassés pour cette nouvelle session en 2020, comme par exemple Victor De le Rue qui viendra défendre son titre de champion du monde.

Certains ont également pu bénéficier de « Wild Cards », sésames attribués à certains en fonction de plusieurs facteurs :

  • Tour Wildcard : attribuée en raison d’une carrière exemplaire et reconnue dans le milieu, à un rider qui revient sur le circuit après s’être blessé ou encore à un athlète issu du freestyle ou autre et qui souhaite s’essayer sur le tour.
  • Local Organizer Wildcard : 2 sont attribuées par événement et par discipline à des riders locaux pour mettre un coup de projecteur sur certains talents.
  • Injury wildcard : attribuée à un athlète qui s’est blessé durant le tour.

 

(1) Région 1 : Europe et Océanie / Région 2 : Amérique du Nord et du Sud.

Les étapes

1. Hakuba (Japon), du 18 au 25 janvier

 

2. Kicking Horse Golden BC (Canada), du 6 au 12 février

 

3. Ordino Arcalís (Andorre), du 28 février au 4 mars

 

4. Fieberbrunn (Autriche), du 7 au 13 mars

 

5. Verbier (Suisse), du 28 mars au 5 avril

NOS FRENCHIES EN COMPÉTITION

Nous sommes vraiment fiers de nos riders français qui excellent en compétition freeride. Cette année, ils sont 5 à concourir pour le titre dont 2 vainqueurs de l’année passée !

Victor De le Rue
Snowboard • 30 ans

 

Gagnant 2019 du FWT. Originaire des Pyrénées, il est aussi le petit frère du freerideur Xavier de le Rue. Il a commencé par concourir en boardercross avant de se passionner pour le freestyle puis le freeride. Elu meilleur rider français de l’année en 2012, 2013 et 2014.

Marion Haerty
Snowboard • 27 ans

 

Gagnante 2019 et 2017 du FWT, vice-championne en 2018. Elle est originaire de Grenoble et s’est d’abord illustrée en freestyle avant de se spécialiser en freeride.  Son court métrage, « Insitu », mélant esthétisme de la nature et snowboard, réalisé avec la société de production PVS Company, sort cet hiver.

Wadeck Gorak

Ski • 30 ans

 

Gagnant 2019 de l’Xtreme de Verbier du FWT. Originaire de Pra Loup, il a d’abord suivi le parcours classique ski alpin et ski études pour dériver ensuite sur une pratique plus extrême du ski.

Leo Slemett
Ski • 26 ans

 

Gagnant 2017 du FWT et 2nde place à l’Xtreme de Verbier en 2019. Il est originaire de Chamonix dont il sillonne les pentes depuis l’âge de 3 ans. D’abord en ski alpin jusqu’à 12 ans puis il se tourne naturellement vers le terrain backcountry qui lui procure beaucoup plus de fun.

Juliette Wilmann

Ski • 26 ans

 

Originaire de Barcelonette, elle arrête le ski alpin après 10 ans de compétition pour se dédier au freeride. Elle vit aujourd’hui à Chamonix.

Le système de notes et le jury

Grosse responsabilité que de juger ceux qui s’élancent dans la pente. Ils sont 6 juges, mandatés pour le faire, dont 3 issus du milieu du ski et 3 du snowboard. Ils auront la lourde tâche de noter chaque concurrent en se basant sur une « impression générale » et sur différents critères. Au delà du côté technique, c’est tout un panel d’éléments qui sont évalués, en tenant compte également de l’enneigement, des conditions et des éléments extérieurs.

Un manuel a été créé par les organisateurs, avec l’aide du conseil des freerideurs pros pour clarifier le système de notation. Il dit, entres autres : « Un juge doit se demander avec quelle rapidité, quelle ampleur et quel contrôle un athlète performe, en comparaison avec la profondeur de la neige, comment celle-ci a été exposée et quelles sont les conditions neigeuses dans lesquelles l’action se fait. »

 

Crédit photo : Mia Knoll

 

La notation se base sur 5 catégories :

Difficulté et choix de la ligne

Ici, on juge le compétiteur sur son choix de trajectoire dans la pente. On analyse le facteur danger, comment l’athlète gère les différents passages difficiles du parcours, la créativité et la singularité du run comparé aux autres.

Contrôle

Parce que le contrôle est la pierre angulaire du freeride, les juges vont devoir déterminer si le concurrent a été assez précis et a su gérer sa ligne. Est-il tombé ? A-t-il eu des hésitations ou a-t-il descendu cette pente avec une confiance sans failles ? C’est souvent dans cette catégorie que les néophytes luttent.

Fluidité

Là encore, il est question de confiance en soi. La confusion est exclue et la trajectoire doit apparaître fluide aux yeux du jury qui s’attend à un run réfléchi certes mais aussi limpide et régulier.

 

Sauts et tricks

C’est le côté spectaculaire de la compétition, les sauts sont probablement ce qui impressionne le plus dans ce genre de compétitions, et les rend aussi excitantes. L’amplitude, la maîtrise de la figure et la réception du saut seront décortiquées pour en déterminer la valeur. Aucun doute que le spectacle est très souvent au rendez-vous avec la crème de la crème des riders.

Technique

Ce critère est regardé de près dans les compétitions juniors ou amateurs. Pour le FWT, la technique sera plus une question de style et de manière de rider propre à chacun et l’athlète confirmé ne se verra pas pénaliser pour ça.

 

Ces 5 critères et « l’impression générale » du jury détermineront le score final de chaque compétiteur. Pour évaluer un run, les juges utilisent un système de points avec une note unique allant de 1.0 à 10.0. Le but de cette notation, approuvée par les riders, est d’avoir un jugement unifié entre le FWT, le FWQ et le FJT. Ceci en laissant également à chaque style de glisse, ski ou snowboard, la possibilité de gagner.

Le classement

Crédit photo : Jérémy Bernard

 

 

Il y a 4 catégories distinctes sur les compétitions : Ski homme, Ski femme, Snowboard homme et Snowboard femme. Les freerideurs s’affronteront sur 5 étapes différentes en 2020. Au terme des 4 premiers stops, les juges procèdent à un total des 3 meilleurs résultats de chaque compétiteur, cela s’appelle le « cut ». Puis de là sont sélectionnés les chanceux qui participeront à la 5ème et dernière étape à Verbier et pourront donc concourir pour le titre mondial. Il s’agit d’environ 60% du groupe de départ qui aura le droit de fouler la descente du Bec des Rosses, soit 13 skieurs, 6 skieuses, 4 snowboardeuses et 6 snowboardeurs.

 

 

Ces derniers seront également automatiquement qualifiés pour la saison d’après, en 2021.

Une fois la compétition terminée à Verbier, les 4 meilleurs résultats sur les 5 étapes seront conservés pour désigner le grand gagnant.

La sécurité

Crédit photo : Marcus Olsson

Le Freeride comporte en lui-même énormément de risques et même si la montagne est sécurisée par des experts des conditions neigeuses et météorologiques avant et durant la compétition, elle reste imprévisible. C’est pourquoi, les organisateurs demandent à chaque participant de concourir avec un détecteur de victimes d’avalanche ou ARVA, une pelle, une sonde, un casque, une protection dorsale et un sac airbag.

Le FWT a aussi engagé un partenariat avec le système RECCO. Ce capteur permet aux secours de retrouver rapidement une victime d’avalanche, chaque compétiteur en est équipé. Ces équipements sont obligatoires pour participer au FWT. Un harnais peut aussi être rendu obligatoire selon les conditions d’enneigement.

D’autre part, en prévention, des formations menées par l’ISTA (= International Snow Training Academy) sont dispensées aux participants du FWT. Ceci afin de s’assurer qu’en cas de problème, les concurrents soient en mesure de réagir vite et surtout savoir quoi faire. Pour l’organisation de l’événement, ces formations représentent le BA-BA de toute pratique Freeride.

L’éducation est le premier et plus important aspect de la sécurité en montagne

En 2020, dès le 18 Janvier, la planète Freeride sera en ébullition pour le coup d’envoi du FWT. Entre directs et replays diffusés, le public du monde entier pourra suivre les performances de ces riders hors du commun qui devraient encore rivaliser d’imagination pour tous nous faire rêver. Plus proche de nous, l’étape de Verbier, la grande finale, sera sans doute encore une fois l’occasion de s’en mettre plein les yeux pour tous les amoureux de pentes raides.

PETIT LEXIQUE DU FREERIDE

Pour le FWT, voici quelques termes et leurs définitions qui vous feront passer pour un pro :
 

Freeride : Discipline qui se pratique hors des pistes, sur des terrains naturels et non damés, dans le backcountry et le sidecountry.

Freestyle : Discipline officielle des Jeux Olympiques qui rassemble le ski de bosse, le half-pipe, le saut à ski et le slopestyle.

Backcountry : consiste à rider dans une région rurale peu peuplée sur des pistes non damées et non marquées. Le sol et la neige ne sont ni surveillés, ni entretenus.

Sidecountry/slackcountry : du backcountry mais accessible depuis une station.

Bumps : Synonyme de bosses, les monticules de neige formés par les virages répétés des skieurs / snowboardeurs.

Dropping in : Départ de descente d’un snowpark, d’une falaise ou d’une corniche avant d’arriver sur un nouveau terrain.

Freshies : Poudreuse fraîche, encore vierge de tout passage.

Gnarly : Conditions de terrain difficiles.

Shred the gnar : Descendre avec une très grande vitesse, habilité, ou enthousiasme spécialement sur un terrain difficile.

Sketchy : Quand une figure est réussie mais que le style n’est pas au rendez-vous.

Jerry : Personne qui n’a aucune connaissance en ski ou snowboard (par exemple, porter un jean sur les pistes).

 

 

 

Texte : Olivia Bergamaschi

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