Si partir en expédition fait rêver les téméraires amoureux des sommets aux neiges éternelles, Charles et Symon eux ont les yeux rivés vers l’Hungchi (7029m). À l’image d’artistes peintres voulant laisser une trace de leur passage sur Terre, leur ascension inédite demeure comme une trace indélébile sur une toile blanche restée encore vierge jusqu’à ce 18 mai 2024.

Aux confins de la vallée de Gokyo, l’acclimatation s’avère compliquée pour Symon, pris d’une infection aux bronches, le départ est encore incertain. C’est le 17 mai à 5h que les 2 alpinistes entament l’ascension qui se révèle technique. Chaque longueur marque une nouvelle étape dans leur périple vers un col perché à 6 580 mètres. Là, il est décidé d’ériger un bivouac de fortune en proie aux éléments extrêmes.
Convaincus de réaliser un exploit, la détermination des 2 hommes ne flanche pas et leur permet d’arriver au sommet le 18 mai à 13h30, jour de l’anniversaire de Charles. Charles et Symon viennent alors de réaliser la première ascension en style alpin du Hungchi.

Comme disait l’alpiniste néo-zélandais Edmund Hillary : « Le sommet n’est que la moitié du voyage ».
La célébration est écourtée par l’arrivée de la neige et du brouillard, une course contre la montre commence pour la cordée. Chaque mètre gagné est une victoire sur les éléments. Épuisés, ils décident de bivouaquer malgré un vent furieux. Le lendemain, la neige persiste, Symon et Charles se trouvent face à un dilemme crucial, obligés d’adapter leur stratégie de descente pour surmonter les défis imprévus de la montagne.

Les 2 guides finissent par descendre du côté opposé (est), sans garantie de réussite. Cependant, cette décision se dévoile être un pari gagnant. Au bout de plusieurs heures et de nombreux rappels, Charles et Symon arrivent de l’autre côté du Hungchi, sains et saufs. Partir à la seule lecture de ses jumelles et de son expérience d’alpiniste : c’est là l’essence de l’himalayisme de haut niveau.
Texte de Eloïse Picard