Publié le 11 juillet 2022
Le gravel : un vélo pour les gouverner tous

Le gravel : un vélo pour les gouverner tous

Le gravel, c'est quoi ce vélo ?
VTT CYCLISME
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Gravel

La roue, celle qui fait avancer le monde, celle qui fait tourner le temps, celle qui vous apporte fortune. De toutes ces roues, celles qui nous intéressent sont bien de ces cercles parfaits qui unissent un cadre, qu'il soit d'acier, de carbone ou d'aluminium. Ce cadre, le gravel ne fait que le transgresser. Auparavant risée des mondes routiers et VTT, la tendance Gravel qui se confirmait à l'aube du nouvel âge d'or du vélo a vu sa côte grandir follement, jusqu'à y plébisciter une place solide, dans une communauté pourtant souvent codifiée et intraitable. Au détour des monts, des chemins et des routes, à la découverte de pays entiers ou pour une heure, le gravel serait-il ce vélo si recherché, un précieux sésame pour sortir des cases, faire de tout, ne rien oublier ?

Le gravel, à jamais dans l'histoire du cyclisme

De communautés, le monde est rempli. C’est ainsi qu’il est fait, qu’il se construit et que les choses avancent, au travers et grâce à elles. Le microcosme du vélo se développe aussi par l’apport de différentes disciplines et de nombreuses familles, de légendes et de règles.  Présentations !
Si autour de la table nous réunissons la communauté du vélo, bien des genres pourraient s’y assoir, et faire valoir un style de vie assurément différent. Prenons d’abord les elfes, pardon, les routiers, caste de l’élégance, de la jambe rasée et du mollet saillant. Si faire partie de cette maison peut rendre fier, il est difficile d’y entrer et d’y faire sa place. En prérequis, votre vélo se devra d’être en carbone, et si vos roues ont le malheur de ne pas dépasser les 35 mm de hauteur, alors il vous faudra arriver le premier en haut du col pour prouver votre valeur. Ajoutons à cela le maillot à la mode, le casque assorti aux lunettes (ou inversement peut-être ?), les chaussettes en dessous de votre cuissard hivernal… Bref, avec parfois un peu d’arrogance mais beaucoup d’élégance, le vélo de route fait office de bon élève. Il attire d’ailleurs les belles lumières jaunes de l’été avec son maillot de la même couleur et le tour d’un pays qu’on ne présente plus.

Le hobbit du vélo, vous l’aurez compris, c’est bien le gravel

En opposition, tapis dans les forêts, adeptes des racines et des raidards impossibles, nos amis les nains, que dis-je, les vététistes, n’ont pourtant rien à cacher, tant ils sont courageux, jamais avares dans l’effort, endurants et puissants. Ici, au diable le style moulant, même si l’envie d’efficacité entraine certains adeptes vers des tenues plus proches du corps (mon dieu, quelle hérésie). On privilégie donc l’expérience, l’aventure, le dépassement, la nature hors des villes et loin des voitures. Moins mise en avant car probablement plus jeune que sa grande sœur du bitume, cette discipline offre pourtant tous les ingrédients d’une expérience savoureuse et réussie, si tant est qu’il soit possible d’apprécier les bains de boue froids de nos chers chemins français…

Crédit photo : ©Patrick-Hendry / Unsplash

le cyclisme est parmi les sports les plus pratiqués en compétition avec plus de 100 000 licenciés en 2021

Regardant ce duel fratricide depuis des années sans trop savoir vers où aller ni à qui se comparer, beaucoup restent en dehors de cette dualité souvent placée au centre du débat. Ceux-là, ils sont candidats pour porter l’anneau de pouvoir, le vélo ultime, celui qui mettra tout le monde d’accord, et plutôt tôt que jamais. Oreilles pointues mais cheveux frisés, plus grand qu’un vététiste mais moins élancé qu’un routier, endurant avec du courage, jambes poilues… Le hobbit du vélo, vous l’aurez compris, c’est bien le gravel ! Et c’est lui qui rafle la mise actuellement. Star des ventes, star des films de vélo, star des documentaires et des nouvelles gammes de vêtements, il propose un compromis entre élégance et endurance ; entre polyvalence et efficacité ; entre aventure, dépassement et activité sportive.

Une fois opérées ces présentations de famille, en y ajoutant également nos ami.es les magicien.nes.s du voyage bikepacking, qui en quelques coups de pédale passent d’un pays à l’autre, nous arrivons à un résumé parfait quoiqu’un peu prétentieux de ce qu’est le gravel aujourd’hui : le vélo pour les gouverner tous !

Crédit photo : ©David Marcu / Unsplash

La réussite en terre du milieu pour le gravel

S’il faut dire que ces « nouvelles » pratiques n’ont pas attendu la bataille en terre du milieu pour se faire une place dans le paysage diversifié et étendu du monde du cycle, la tendance, complètement accentuée depuis 2020, montre un vrai glissement vers des utilisations différentes de celles que nous connaissions il y a encore quelques années. En France par exemple, le cyclisme est parmi les sports les plus pratiqués en compétition avec plus de 100 000 licenciés en 2021. Le problème néanmoins, c’est que l’on note surtout une baisse de proche de 10% des inscriptions* par rapport à 2019. Autre chiffre qui attire notre attention : seulement 10% de ces licences sont souscrites par des femmes.

Mais, si le vélo se conjugue principalement au masculin, c’est aussi parce que les codes classiques de ce sport n’ont jamais laissé la place à une expression féminine forte.

Las de ces mises à l’écart, l’opportunité d’une discipline neuve ouverte et sans barrière attire bien plus les hommes et surtout les femmes qu’une licence classique FFC. Même si la tendance est au développement grâce au Tour de France féminin en 2022, les propositions ne conviennent pas à ces femmes assoiffées d’aventure, loin des voitures, éprises de l’inattendu. Tantôt sur chemin ou gravier, tantôt sur route et en voyage, le gravel apporte cette douce liberté de ne pas avoir à choisir, de pouvoir laisser parler librement ses envies, sans codes, et sans barrières. Selon Angèle Paty, jeune cycliste aguerrie – elle a notamment rallié l’Écosse en vélo depuis Montpellier – et convertie aux douceurs du vélo aux pneus plus larges, ce dernier offre autre façon d’appréhender sa pratique. Le gravel permet selon elle aux femmes de s’ouvrir plus facilement aux deux roues : « J’ai acheté mon gravel pour partir en voyage, mais je n’ai fait que de la route. C’est après avec un week-end dédié au gravel que j’ai réalisé les possibilités de la pratique. Pour moi, c’est un mix entre l’aventure et l’outil passe-partout, sur tous les chemins que l’on souhaite, et qui plus est très facile à utiliser en bikepacking avec sacoches. Parfois, sur mon voyage, des sentiers aiguisaient mon envie d’exploration, mais je n’osais pas y mettre les roues. Je sais maintenant que le gravel ouvre le champ des possibles. On y note moins l’aspect de performance, on regarde le compteur uniquement pour savoir où est l’arrivée. La route impose cet objectif et cette pression de performance, et les femmes s’y sentent probablement moins à l’aise…

Ma vision est plutôt tournée vers le partage. Après, attention, car les chemins raides et les descentes techniques peuvent impressionner !  C’est parfois rebutant au premier abord, mais on doit s’accrocher aux notions de liberté, de partage et d’aventure. Tout est facilité grâce à ce vélo nouvelle génération. Même sur les courses, car des compétitions existent, il y’a une vraie égalité. Certaines femmes gagnent même des courses au scratch » [ndlr : on notera la victoire au scratch de Lael Wilcox récemment sur une course d’ultra ou un record féminin non loin du masculin sur la ‘Tour Divide’].

Ce sont d’ailleurs précisément ces arguments qui ont fait exploser la pratique et le développement de ces nouvelles montures, rassemblant ainsi le meilleur des deux mondes, réduisant à néant la dualité, voire la rivalité qui pouvait exister entre les pratiques.

le gravel apporte cette douce liberté de ne pas avoir à choisir

Quel vélo gravel acheter : pneu, roues et position

1 ) Le meilleur choix :
Si d’aventure, vous êtes tenté par un gravel, sachez, déjà, que c’est une bonne idée ! Chez MK, on a choisi le meilleur combo : Un gravel d’entrée de gamme de qualité en alu (plus lourd que le carbone mais idéal pour débuter) et un jeu de roues de route, en plus des roues d’origine, typées gravel. Sortie entre copains autour d’un lac, balade à travers champs ou virée en bikepacking sur les chemins alpins, un vélo, deux paires de roues, et des possibilités infinies.

2) Le pneu est votre meilleur ami ou votre pire ennemi :
En gravel, le pneu est essentiel ! Veillez toujours à adapter votre montage pneus au parcours ou à l’aventure souhaitée.
Par exemple, prenons un trip de quelques jours plutôt orienté route, disons 70% de bitume et 30% de chemins. Ici, dans une optique de confort et d’efficacité, le must de la polyvalence donc, un bon pneu sans crampons sur la bande de roulement sera parfait, en 35 ou 38 mm de largeur pour avoir le côté « passe-partout ». Le temps sera humide ? Optez pour des flancs à crampons afin d’être à l’aise sur tous les terrains.

3) La position :
Clé de la longévité (de votre corps) ! Expérience douloureuse s’il en est, les tendinites ou autres inflammations à vélo peuvent ruiner vos plus belles aventures. On ne saurait que trop conseiller un bikefitting réalisé chez votre vélociste préféré, afin d’éviter tout souci. Bonus, il saura vous conseiller sur votre selle idéale, ce qui avouons-le, est essentiel pour partir à l’assaut du monde en vélo.

une discipline neuve ouverte et sans barrière

Crédit photo : ©tom-photo-cycling

Pour Jean Baptiste Le Blan, fondateur de GravelUp, une agence de voyage dédiée, tout est clair :

« Le gravel représente tout de la vie, de ses passages. Le besoin de la transition, la recherche du col d’après, de l’effort dans la montée, de la prochaine descente. La découverte de routes, de chemins…Le mix entre ces pratiques est un compromis parfait. Il est l’outil idéal pour un voyage, pour un sport de passion, pour le plaisir. »

Les chiffres, d’ailleurs, ne mentent pas : plus de 15% d’augmentation de ventes de vélo sur 2021, et même s’ils sont tirés par les ventes de VAE, le gravel se positionne légitimement sur le podium, aidé par la mode de la tasse inox accrochée à sa monture un peu, mais aussi par tous les arguments évoqués auparavant surtout.

Ce sont d’ailleurs précisément ces arguments qui ont fait exploser la pratique et le développement de ces nouvelles montures, rassemblant ainsi le meilleur des deux mondes, réduisant à néant la dualité, voire la rivalité qui peut exister entre les pratiques.

Conclusion

Cette légitimité, ce « retour du roi », apporte au vélo gravel la possibilité de régner en maitre sur cette terre du milieu. Cette place, celle qui unit les différents mondes, celle qui laisse la place à la créativité du terrain, de l’aventure et de l’inconnu. Le gravel arrive non pas comme un cheveu sur la soupe, mais bien comme la cerise sur le gâteau, au moment où nous avions le plus besoin de lui. Va-t-il remplacer les machines à chrono ou les monstres de la descente, certainement pas ! Pourtant, il s’immisce dans nos garages, s’invite à nos soirées à vélo, se mêle à nos voyages en itinérance…

La roue du gravel est lancée, elle tourne, et elle n’est pas près de s’arrêter.

Le gravel arrive non pas comme un cheveu sur la soupe, mais bien comme la cerise sur le gâteau

Où faire du vélo gravel en France ,

Voici quelques idées d'aventures, en Gravel, à travers la France…

1)  Singletrack à la Mandallaz en Haute-Savoie
Roche et forêt définissent cette montagne, limite entre l’albanais et le grand Annecy. En faire le tour est une chose sympa, mais en découvrir ses secrets en est une autre. Rdv à Ferrière et au-dessus pour une session de singletrack en forêt, sans racines, roulant mais technique avec de superbes points de vue sur le lac et la ville d’Annecy. Le tout dans une ambiance différente des autres massifs du coin car moins alpin et abrupt.

Le retour se fera par la route de Ferrière, direction le centre en passant par le parc Dassault. Depuis Annecy, comptez 34km et 550 m de dénivelé.

2) À la découverte du Puy de Dôme
L’Auvergne
est aussi riche d’histoire que de chemins cachés, bien à l’abri des routes et des villes. Autour du Puy de Dôme regorge un véritable dédale de singletracks et de routes accessibles au gravel. Ici, pas de conseil d’itinéraires, mais plutôt de destination. Si le tumulte de la ville vous fait suffoquer, cette chaîne de montagnes saura ravir vos besoins d’escapade nature. Privilégiez des sections larges et polyvalentes pour faire face à tous les terrains, car ici, si les sommets sont plutôt de terres sèches et de chemins, les fonds de vallées, assez boisés offrent d’autres variétés, vous laissant découvrir une multitude d’univers et de profils. Le lac de Chambon sera par exemple une excellente halte durant votre aventure. Là-bas, des fermes et des petits producteurs peuvent ravir votre journée, en cas d’hypoglycémie et de volonté de découverte du terroir local, riche et qui n’attend que d’être découvert.

3) Sous l’ombre des houppiers vosgiens Bikepacking, de 3 à 10 jours
Les Vosges
, massif majuscule. Cette chaîne laisse une infinité de solutions, de tracés et de parcours, à l’assaut des routes forestières et des pistes dédiées aux grumiers, ces camions d’exploitation du bois. A vélo, ou même à pied, la traversée du Nord au Sud, ou inversement, est à réaliser sans attendre.

Les Hautes Vosges, assez méconnues, offrent une atmosphère spéciale et sauvage, tandis que la célèbre Route des Crêtes, bien que touristique en été, dévoile une vision à 360° au cycliste qui saura profiter de ce moment de calme en haut des ballons vosgiens.

Le Mont Blanc pourra même se montrer, les jours où les conditions météo le permettent ! À la journée ou en expédition, vous n’aurez besoin que de bonnes jambes pour affronter les cols vosgiens, doux, accueillants, mais aussi très nombreux ! Fidèle à sa réputation humide en hors saison, le massif sait se montrer clément selon l’époque où l’on vient attaquer ses camarades de bambée. À savoir que l’imperméable, un indispensable de vos sacoches, est parfois bien utile ici plus qu’ailleurs.

Reportage Nathan Vitu

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