Publié le 15 septembre 2019
Une histoire qui glisse

Une histoire qui glisse

Le ski est aussi vieux que l’homme
SPORTS D'HIVER
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Ski, Reportage

Très large, avec d’immenses spatules et des fixations en branches : voilà à quoi ressemblent les premiers skis utilisés pour garder les troupeaux de rennes sur les neiges sibériennes ou lapones. 
Il en a tracé des courbes, ce magnifique objet, pour devenir ce ski moderne que nous connaissons ! Petit retour en arrière…

La Norvège, un petit pays pour l’homme mais un terrain géant pour le skieur. C’est dans cette contrée montagneuse que le ski moderne est né, sous les pieds de notre ancêtre à tous : Sondre Norheim. 

Il faut se remettre dans le contexte de l’époque, au milieu du XIX siècle, où le ski est purement utilitaire. Il sert à chasser, à se déplacer et aussi à faire la guerre. Un écrivain voyageur avait bien aperçu 150 ans plus tôt des paysans d’une vallée de l’actuelle Slovénie prendre du plaisir à glisser (« ils descendent tout droit en s’appuyant sur leurs bâtons, avec solidité et raideur, comme si leurs corps n’avaient ni membres ni articulations »), mais cela reste une exception. 

Ils descendent tout droit comme si leurs corps n'avaient ni membres ni articulations

Sondre, lui, va transformer ces deux planches de bois et révéler au monde le potentiel ludique et sportif de cette forme de glisse. Il diminue la taille de ses skis (240 cm au lieu de 300 cm pour plus de maniabilité), il rajoute une rainure sous la semelle (pour améliorer l’effet directionnel), et surtout, il développe et fabrique des skis à taille de guêpe (pour faciliter le pivotement). De plus, en 1850, il invente une bride de talon avec une racine de saule torsadée, afin de canaliser le pied. Cette « fixation » permet un meilleur contrôle latéral… 

Ainsi équipé, Sondre va mettre au point une technique de virage adaptée : le virage par génuflexion - le fameux télémark, du nom de la province montagneuse de Norvège où il habitait - qui permet de s’arrêter et d’enchaîner les virages. Le ski moderne vient de dessiner sa première courbe !

Nordique VS Alpin

Les premières compétitions vont suivre, la fièvre du ski s’empare des pays nordiques et, grâce à leur efficacité prosélyte, les Norvégiens vont diffuser leur matériel et leur technique. C’est l’ère du ski nordique, adapté aux collines et aux terrains plats. Sauf que confronté aux pentes alpines, plus raides et plus techniques, il peine. Il va devoir s’adapter. D’ailleurs, il n’y a aucune épreuve de ski alpin aux premiers JO d’hiver de Chamonix en 1924, ce n’est qu’en 1936 que le ski alpin devient olympique.

Hannes Schneider et Mathias Zdarsky sont quelques uns des inventeurs passionnés qui vont transformer le ski nordique en ski alpin, en innovant dans le matériel (fixations plus solides bloquant le talon, carres métalliques) tout comme dans la gestuelle. C’est la naissance du ski alpin, le petit cousin turbulent du ski nordique !

Le bras de fer entre les deux traditions est symbolisé par un duel entre Zdarsky et Horn, ski alpin contre ski nordique, pour déterminer lequel est le plus efficace. Les 6, 7 et 8 janvier 1905, un train spécial transporte les curieux de Vienne à Lilienfeld : une soixantaine de skieurs venus assister au duel austro-norvégien.

Lors d’une première épreuve, 400 mètres sur une pente soutenue, Zdarsky descend le plus rapidement, avec élégance, sans forcer son talent, en enchaînant les virages. Après une soirée conviviale et deux jours de mauvais temps, la seconde épreuve a lieu sur une pente de plus de quarante degrés. Raide ! Zdarsky enchaine les virages en dessinant de grandes courbes à vitesse soutenue. De son côté, Horn est magnifique d’aisance quand la pente n’est pas trop sévère mais peine à maitriser ses évolutions quand elle se redresse. Le verdict s’impose : sur une pente supérieure à 20 degrés, Zdarsky s’impose, alors que les honneurs vont à Horn sur les déclivités plus douces.

Le Boom du Snow Business

Le ski alpin se démocratise après la guerre, lors des Trente Glorieuses, surfant la vague de l’économie de loisirs. Le ski lui-même n’est plus en bois massif mais intègre des matériaux nouveaux : du métal, de la fibre de verre et se construit en sandwich en empilant les éléments avant de l’enfourner dans une presse pour que la résine polymérise. Terminé l’époque où on taillait son ski dans une bille de bois et que l’on cintrait à la vapeur les spatules !

C’est à la fois la grande époque du ski alpin et de l’équipe de France, avec l’apothéose de Killy aux JO de 68. Killy emporte trois médailles d’or après une polémique pendant le slalom : Karl Schranz gagne dans un premier temps cette épreuve avant que le jury ne le déclasse pour avoir manqué une porte… sans parler d’une mystérieuse silhouette noire qui l’aurait gêné…

Aux Etats-Unis, le ski freestyle fait craquer les codes du ski de papa. Ce ski nouveau s’appelle le hot-dog, avec des cheveux longs, des figures improbables, du ballet, des bosses et du ski acrobatique et une bonne dose de folie. 

 

Des inventeurs passionnés vont transformer le ski nordique en ski alpin

La contre-culture des années 60 pose sa marque, on est skieur comme on est surfeur, en dédiant sa vie à la glisse, en passant d’une station de ski à l’autre, d’un petit boulot à l’autre, dans son camion. Endless winter ! Les premiers films de Dick Barrymore ou Warren Miller célèbrent cette nouvelle approche de la montagne, la tête dans les nuages et les pieds dans la poudre.

L’inventivité de cette époque ne quittera plus le ski et sera suivie par toutes les innovations de la glisse des années 80 (monoski, snowboard) puis des années 90 (freestyle new-school). Le ski continue ainsi de se métamorphoser et même de changer de forme, en raccourcissant (les snowblades… mais sont-ce vraiment des skis ?), en maigrissant à la taille (les paraboliques… pour carver sur la piste), en s’étirant sur l’avant (les rockers… une longue spatule pour rider la poudreuse).

Dans les années 2000, alors que le freestyle devient olympique et que le freeride a sa tournée mondiale, l’innovation vient d’un recoin tranquille du ski : le ski de randonnée. Une discipline discrète et pour cause : ses pratiquants préfèrent le calme des combes désertes à l’agitation des stations de ski. La poudreuse vierge aux pistes fraichement damées. Le matériel s’allège, gagne en performance et plait à toute une génération de glisseurs qui souhaite retrouver les bonnes vieilles valeurs d’une suée à la montée. 

Le ski de randonnée, dans sa version moderne, nous ramène au tout début du ski, quand les remontées mécaniques n’existaient pas et qu’il fallait grignoter les mètres de dénivelé à la force des mollets. La grande nouveauté est que ce matériel de randonnée est hybride, il n’empêche pas de se faire plaisir sur la piste ou d’envoyer fort en poudreuse. Tous les styles du ski rassemblés dans un seul ski ? Ca ressemble à un rêve de glisseur… un rêve commencé il y a bien longtemps sur les neiges sibériennes et les pentes du télémark.

Il était une fois...Les Origines du Ski

Le High Five Festival a pour thème cette année « les origines du ski ». Le festival de Cannes du ski s’offre un bon dans le passé. Les organisateurs du festival ont remis la main sur de nombreuses pièces qui immortalisent cette époque. On réalise que le freestyle et le freeride ne datent pas d’hier, et que nos grands-parents et nos arrières grands parents ont fait leur trace avant nous !  Le département de Haute Savoie s’associe au High Five Festival pour proposer au public l’accès à un musée éphémère et participatif à l’Impérial Palace. Un retour dans le passé via des photos, des projections d’archives mais aussi du matériel de l’époque de 1900 à  1949. Un gros travail de recherche, auquel la cinémathèque a pris part pour vous offrir un magnifique voyage dans le temps. Venez nombreux découvrir ce musée éphémère du 4 au 6 octobre prochains. 

Ce ski nouveau s'appelle le Hot Dog, des figures improbables, du ballet, des bosses

Musée éphémère
Du 4 au 6 octobre pendant le High Five Festival à l'Impérial Palace d'Annecy.

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