Publié le 23 mars 2022
Thibaut Daprela

Thibaut Daprela

L’étoile montante de la descente française
VTT CYCLISME
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VTT, Interview

Alors que la Coupe du Monde UCI de VTT 2022 reprend ses droits avec une première étape française consacrée à la descente, à la fin du mois de mars, à Lourdes, force est de constater que les pilotes français survolent cette discipline exigeante et engagée avec une constance inégalée. Si grâce à ces intrépides représentants de l’Hexagone, la Marseillaise résonne chaque année aux quatre coins de la planète, l’un d’entre eux sort du lot tant par son évolution fulgurante au sein du circuit que par l’intensité physique et la détermination affichée avec lesquelles il s’impose comme le digne héritier de la dynastie de la DH française.  En effet, Thibaut Daprela, 21 ans, fait partie de ceux qui ne laissent rien au hasard, et qui font rimer l’ambition, la dévotion et la passion, dans un cocktail qui semble porter ses fruits.

DE L’ECLOSION A L’ENVOL

Raconte-nous tes débuts : as-tu un souvenir marquant à partager ?
Je n’ai pas un souvenir en particulier, j’ai dû monter pour la première fois sur un vélo aux alentours de 2 ans et demi. Le vélo fait partie de ma vie depuis toujours. Dès mon plus jeune âge, je partais pour des petites sorties autour de chez moi, sur des chemins plutôt accidentés. J’ai été attiré par le VTT assez rapidement, c’était une évidence.

Comment es-tu passé d’une pratique amateur loisir, à la compétition puis au haut-niveau ?
En parallèle du VTT, j’ai pas mal roulé en BMX, que ce soit en entrainement comme en compétition. Le BMX me permettait de prendre part à des compétitions alors que j’étais encore trop jeune pour courir en VTT. Dès l’âge de 14 ans, je me suis engagé en Coupe de France, en Cadets, avec un focus sur la descente, ayant une préférence pour la discipline. J’ai ensuite suivi le cursus classique et j’ai enchainé les années en évoluant dans chaque niveau de compétition, en passant du niveau départemental à national puis international.

Tu as évolué au sein de l’US Cagnes, qui est aussi le club de Loïc Bruni et Loris Vergier, deux grands champions qui sont devenus tes adversaires. Leur parcours a été une source d’inspiration pour toi ?
Effectivement faire partie de l’US Cagnes a constitué un bon tremplin et un socle solide pour progresser tout en gardant ce côté fun qui est et reste indispensable. Le fait d’être aux côtés de Loïc et Loris, même si je pourrais en citer plein d’autres, d’évoluer au milieu de ce vivier de riders, a clairement été l’une des clés de ma progression dans ce milieu.

Je prends les chutes et les blessures avec philosophie, ce qui ne tue pas rend plus fort.

Je mets toutes les chances de mon côté, j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour accéder au haut-niveau.

DU STATUT DE ROOKIE AU CŒUR DE L’ELITE

Après avoir remporté en 2018 et 2019 le classement général de la Coupe du Monde Juniors, tu fais une entrée fracassante parmi les tops pilotes Élites en 2020, avec une cinquième place au général, et la première place t’échappe de peu en 2021 en raison d’une blessure lors des finales à Snowshoe. Quel est le secret d’une progression si rapide ?
Le travail principalement, il n’y a pas vraiment de miracle ! Je mets toutes les chances de mon côté. J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour accéder au haut-niveau. Je ne laisse rien au hasard, j’avance avec mon team, mon mécano, il y a un gros travail de fond qui nécessite beaucoup de rigueur et de sérieux au quotidien. Cela passe aussi par des choix, notamment au niveau de mes études que j’ai mis de côté depuis un an pour me consacrer pleinement à ma carrière sportive.

Quel est l’apport de tes ainés au sein du Team Commencal Muc-Off, avec la présence de Myriam Nicole et Amaury Pierron ?
Je profite énormément de leur expérience du haut-niveau. Cela va faire 10 ans qu’ils sont sur le circuit. Ils ont engrangé beaucoup de victoires sur des pistes très variées et dans des conditions diverses. Pour moi, c’est très positif de pouvoir m’entrainer avec Amaury l’hiver, il roule très vite et cela me permet de savoir où je me situe. On partage énormément et c’est vraiment bénéfique.

Plus globalement, la France compte une armada de très bon riders, comment expliquer que le niveau en France soit aussi élevé ?
C’est une question qui revient fréquemment et c’est assez difficile à expliquer. La majorité des meilleurs pilotes sont originaires du Sud de la France, où l’on dispose d’un terrain de jeu parfait pour s’entrainer. Le climat est plutôt clément ce qui permet aussi de rouler toute l’année. Et puis il y a certainement un effet de groupe qui se crée, le niveau est assez élevé et chacun tire les autres vers le haut, ce qui je pense est extrêmement positif pour l’ensemble de l’équipe.

On sent une réelle complicité entre vous. Est-ce une spirale positive ou la concurrence demeure ?
Ce n’est que du positif, l’entente entre nous est vraiment bonne. Et puis ça reste un sport individuel donc finalement le seul adversaire reste le chrono. On ne peut s’en prendre qu’à soi même si l’on ne performe pas sur la piste. Il y a une bienveillance dans le groupe qui permet à chacun de progresser et s’exprimer.

Comment comptes-tu te différencier de tes « grands frères » français ?
Je vais plutôt suivre mon propre chemin, nous avons tous nos points forts et nos faiblesses. Il ne sert à rien de chercher à créer un personnage, essayer d’être quelqu’un que l’on n’est pas. Il vaut mieux rester soi-même et exprimer son caractère sur le vélo.

RETOUR VERS LE FUTUR

Retour sur la saison 2021 et cette première victoire aux Gets, alors que tu avais chuté lourdement aux Arcs, le weekend précèdent, lors de la Coupe de France de DH (nez cassé et langue coupée). Alors que la rumeur d’un forfait aux Gets commençait à se propager, tu prends finalement le départ et remporte la manche, sous une météo capricieuse qui joue les trouble-fêtes. Dans quel état d’esprit as-tu pris le départ et surtout quelles étaient tes émotions au moment de passer la ligne, avec la perspective de rester sur le ‘hot seat’ jusqu’au bout ?
Au moment de prendre le départ, je n’avais plus rien à perdre, donc je n’avais rien de précis en tête. J’étais déjà très content d’être là, je n’avais plus qu’à rouler du mieux possible. Effectivement, la piste était très compliquée. Quand je passe la ligne, je suis déjà satisfait d’être arrivé en bas, avec le feeling d’avoir fait un bon run. La météo s’est ensuite sérieusement dégradée et le podium a commencé à se profiler au fur et à mesure du passage des riders. Je n’étais tellement pas pressenti au départ que j’ai vécu cette victoire comme une revanche personnelle, je revenais de loin !

Tu es resté en tête du classement général 2021 de nombreuses semaines (depuis la victoire aux Gets) avant de chuter à Snowshoe lors des Finales et de te blesser, ce qui te coute la 1ère place au classement général. On a vu le niveau d’engagement que tu arrives à mettre dans chacun de tes runs, est-ce la clé du succès au risque de te blesser ?
La chute fait partie de la carrière d’un descendeur, on est tous passé par là. Ceux qui ne se blessent jamais n’arrivent généralement pas aux avant-postes ou mettent beaucoup de temps pour y parvenir, pour moi cela fait partie du jeu et il faut savoir l’accepter. De mon côté je le prends avec philosophie, ce qui ne tue pas rend plus fort !

Je ne cherche pas à créer un personnage, je préfère rester moi-même et m’exprimer sur le vélo.

Nous sommes actuellement en pleine prépa de la saison de Coupe du Monde, quelle est ta routine d’entrainement ? Peux-tu nous décrire ton quotidien ?
Je m’entraine comme je l’ai toujours fait, je n’ai pas de routine particulière. Chaque semaine les entrainements sont différents, cela permet de ne pas se lasser et garder toujours la même motivation.

On t’a vu sur les terrains de motocross, en balade en trial ou encore sur un vélo de route... Ces disciplines sont complémentaires à une discipline comme la DH ?
Oui complètement, cela me permet de gagner à tous les niveaux : vitesse, physique et technique. J’ai pu reprendre la moto cet hiver puisqu’auparavant j’étais encore blessé, et les sensations de glisse sont très proches de celles du VTT. À cela s’ajoute le côté plaisir, indispensable pour évoluer.

Comment envisages-tu la saison de Coupe du Monde qui s’annonce ? Quelles sont les étapes clés pour toi ?
Cette année, les étapes sont assez espacées dans le temps. Je vais donc les prendre les unes après les autres, et donner le meilleur à chaque fois ! Toutes les courses ont des caractères qui leur sont propres, je n’ai pas de préférence particulière.

La première étape de la Coupe du Monde aura lieu à Lourdes, fin mars. Est-ce un bonus d’entamer la saison en France ?  
Franchement peu importe le lieu, tout me convient. Après c’est sûr que c’est sympa d’être en France, de sentir le soutien du public, c’est un petit bonus non négligeable. D’un point de vue purement sportif, j’aime descendre tous types de piste, donc je n’entrevois pas d’avantage de ce côté-là.

Les Championnats du Monde aux Gets, cet été... Encore une épreuve « à la maison » qui te réussit bien (Crankworx 2017 & 2018, Coupe du Monde Juniors 2019 et Coupe du Monde élites 2021). Quelles sont les clés pour s’imposer à domicile sur une descente comme celle des Gets ?
Effectivement j’ai toujours obtenu de bons résultats aux Gets. Depuis les Crankworx, j’ai développé de l’affection pour cette piste. Même si elle a évolué l’année dernière, elle demeure vraiment géniale, ce qui décuple mon envie d’y courir. Ce devrait être un magnifique évènement. Pour ce qui est de l’ambiance à la maison, j’essaye toujours de rester calme, avec du sang froid : ne pas me laisser prendre par les émotions !

 

LA DESCENTE, LA DISCIPLINE EN CONSTANTE ASCENSION

On ressent une vraie effervescence et un engouement toujours grandissant de la part du public sur les étapes de Coupe du Monde françaises, comment expliques-tu cette ferveur pour une discipline plutôt élitiste et encore trop peu médiatisée ?  
C’est un sport qui reste assez pratiqué en France au niveau amateur, à cela s’ajoute une dizaine de pilotes français dans le top 30 mondial ; donc cela crée forcément une bonne dynamique. Le public français a toujours répondu présent sur les courses, il y a une culture du sport et de la fête qui fait vraiment plaisir, contrairement à certaines étapes peu fréquentées. Quand il y a du monde, c’est toujours plus plaisant !

Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui souhaiterait s’engager dans une carrière pro en DH ?
Il faut vraiment se lancer si l’on est passionné, garder en tête que rien n’est impossible. C’est une démarche qui doit être libre de toute contrainte, je pense que ça ne peut pas marcher si ça n’est pas le fruit de son unique volonté. Ensuite il faut être conscient des sacrifices que cela peut représenter et savoir si l’on y est prêt ou non à y répondre. Si je peux donner un seul conseil, c’est de ne jamais baisser les bras ! Dans une carrière, on n’est pas toujours au meilleur de sa forme mais il ne faut rien lâcher et persévérer.

Il faut garder en tête que rien n’est impossible et ne jamais baisser les bras.

FLASH INTERVIEW

Ta chanson du moment ?
J’écoute beaucoup de rap français en général.

Si tu devais choisir une piste
de Coupe du Monde ?  

Leogang

Ton plat préféré ?
Des pâtes à la carbonara !

Ton spot favori pour rouler ?
Mandelieu, proche de la maison !

Le sportif qui t’inspire :
C’est un mix entre Jeffrey Herlings en motocross et Lewis Hamilton en F1

Le lieu de tes prochaines vacances ?
Au soleil, sur une plage… les Maldives,
c’est pas mal ça !

Que peut-on te souhaiter pour 2022 ?
La tête du classement général de la Coupe du Monde et le titre de Champion du Monde !

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