Publié le 17 octobre 2025
ROC D’AZUR 2025 - POUSSIÈRE, CHALEUR ET DÉTERMINATION
Crédit photo : ©Louis Giannotta
Reportage

ROC D’AZUR 2025 - POUSSIÈRE, CHALEUR ET DÉTERMINATION

Loin derrière les pilotes élites, il y a ceux qui viennent se mettre au défi sous le soleil du Sud. Récit d'un participant ordinaire à la recherche du dépassement de lui-même.
VTT CYCLISME
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Cyclisme, Reportage

Le soleil tape déjà fort sur la base nature de Fréjus. Le bitume renvoie la chaleur, les casques brillent sous les rayons d’octobre. Une fois encore, le mythique Roc d’Azur s’élance sous un ciel limpide. Devant, les élites sont loins s’arrachent les kilomètres. Plus loin, d’autres roulent pour une raison plus simple : se dépasser, franchir la ligne, se prouver quelque chose. Parmi eux, Louis Giannotta, photographe et journaliste pour MKSport raconte.

C’est ma troisième participation, et la deuxième fois que je prends le départ de la course. J’aime ce rendez-vous. J’aime le parcours, la terre ocre de l’Esterel, cette impression de mini vacances au goût de sel et de poussière. Depuis deux ans, le mois d’octobre est mon point d’orgue : la dernière grande sortie avant l’hiver. Cette année, je pensais être prêt. J’avais roulé tout l’été, cumulé les sorties. Et pourtant, rien ne s’est passé comme prévu.

Depuis deux ans, le mois d’octobre est mon point d’orgue : la dernière grande sortie avant l’hiver.

À travers l'Esterel

Les différents parcours du Roc d’Azur serpentent au cœur du massif de l’Esterel. Un petit bijou volcanique de 32 000 hectares qui plonge dans la Méditerranée. C’est un terrain de jeu aussi sublime qu’exigeant. Ici, les montées brûlent les jambes autant que le soleil brûle la peau. L’air sec se charge de poussière, chaque départ soulève un nuage qui pique les yeux et racle la gorge. Le sol craque, les pneus glissent, la roche rouge chauffe sous les crampons.

La course traverse des lieux mythiques : la descente du Fournel, le col du Bougnon, la terrible dalle de béton ou encore la descente technique de Valdingarde. Des noms que tous les vététistes du Roc connaissent — et redoutent. 

 

L’avant-course

La veille de la course, je prends le départ de la rando bleue : 33 kilomètres et 800 mètres de dénivelé, parfait pour tourner les jambes, repérer le terrain et se mettre dans le rythme. L’ambiance est détendue. On roule à son allure, on discute, on rit. Certains s’arrêtent pour immortaliser la vue, d’autres pour remplir des gourdes déjà vides. L’unique ravitaillement se fait attendre, mais les bénévoles nous accueillent avec le sourire et une bonne humeur contagieuse.

Les descentes s’enchaînent, les rires aussi. Je profite, sans forcer. Le début et la fin du parcours seront communs à la course du lendemain, alors j’observe, j’imprime mentalement les pièges. La dernière descente terminée, je file vers l’arrivée, seul, sourire aux lèvres. Une baignade dans la mer en guise de récupération, tradition avant la vraie bataille.

 

les bénévoles nous accueillent avec le sourire et une bonne humeur contagieuse.

Une baignade dans la mer en guise de récupération, tradition avant la vraie bataille.

La course contre moi-même

Je m’inscris au Roc d’Azur pour une seule raison : me battre contre moi-même. Ce n’est pas la compétition qui m’attire, mais la confrontation. Je ne cours pas souvent avec un dossard, alors chaque fois, cette adrénaline revient.Le départ, c’est toujours la même folie : cris, encouragements, poussière et excitation. Je me faufile entre les coureurs, porté par l’énergie collective. Les premiers kilomètres filent vite, puis la première montée dans le camping remet les pendules à l’heure. On quitte la base nature, on s’enfonce dans l’Esterel. La chaleur grimpe, les respirations aussi.

Puis vient la descente du Fournel, connue et redoutée. Pour moi, c’est un régal. Le grip est parfait, la ligne fluide, les roches et les pièges défilent. Je double, j’entends les encouragements, j’ai envie de crier aux autres : lâchez les freins !

 

Je double, j’entends les encouragements, j’ai envie de crier aux autres : lâchez les freins !

Dans le dur

Les vingt premiers kilomètres se passent bien. Le corps répond, la tête est là. Mais je sais que la suite sera plus exigeante. Je sens la fatigue s’installer, subtile d’abord, puis de plus en plus présente. Je donne tout, sans retrouver la vitesse espérée. La chaleur, la poussière, le manque d’énergie des dernières semaines — tout s’accumule.

Je croise un coureur avec le même vélo que moi. On roule ensemble un bon moment, on échange quelques mots, on se distance, on se recroise. Au fond, ça me fait super plaisir. Le col du Bougnon approche. Les jambes brûlent, la pente mord. Les encouragements des spectateurs aident à tenir, un cri, une cloche, un mot suffisent à relancer.

Le compteur défile, impitoyable. L’égo rouspète, puis vient le vrai combat.

Je m’étais fixé un objectif : 4h00. Mais le compteur défile, impitoyable. L’égo rouspète, puis vient le vrai combat. Les crampes arrivent. D’abord la cuisse gauche, puis la droite. Chaque contraction est un éclair. Je pousse le vélo, incapable de pédaler. Je suis forcé à l’arrêt quelques instants. Je respire, j’attends que ça passe. Puis je repars, prudemment. La douleur revient, plus forte. Le corps me rappelle à l’ordre, mais la tête refuse d’abandonner. Tant pis, j’ai mal c’est comme ça.

Je franchis la ligne d’arrivée seul, vidé, déçu, submergé. Il me faut plusieurs minutes pour retrouver mes esprits. Ce n’est pas le temps que j’espérais, mais c’est celui que j’ai mérité. 

 

Après la course

Une fois les émotions retombées, la gratitude reprend le dessus. Je réalise la chance d’avoir pu courir, sans chute, sans crevaison. D’avoir vu ces paysages, partagé des sourires et ces tracés, ressenti cette adrénaline unique. Autour de moi, les visages sont marqués, les corps fatigués, mais les regards brillent. On se félicite, on échange deux mots, un sourire. Peu importe le chrono : chacun a livré sa bataille.

Les crampes feront partie du souvenir. Elles me rappellent que le Roc n’est jamais acquis. Cette édition me laisse une envie : revenir. Mieux préparé, plus fort, mais toujours avec la même humilité.

Le Roc, on se reverra. C’est une promesse.

 

Cette édition me laisse une envie : revenir. Mieux préparé, plus fort, mais toujours avec la même humilité.

Texte de Louis Giannotta

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