Publié le 1 octobre 2024
PARTEZ POUR UN étourdissant tour du lac d'Antoine Mesnage et sa bande de passagers du vde
Crédit photo : © Loris Poussin
Carnet de voyage

PARTEZ POUR UN étourdissant tour du lac d'Antoine Mesnage et sa bande de passagers du vde

Une aventure multisport
TRAIL RUNNING, EXTRÊME, VTT CYCLISME, ESCALADE ALPINISME, AVENTURE, IMAGES
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Carnet de Voyage

Le 23 juin dernier, des amis, des athlètes et une véritable famille s’élancent dans un inconnu, tout proche de la maison. Un inconnu au cœur du commun, baigné de reflexes quotidiens, loin des habitudes pourtant. Le tout dans une aventure hors norme proche de l’écrin des Alpes. Plongez au coeur de ces passagers du vide qui réalisent un défi unique, celui d’un tour du lac d’Annecy inédit via plus de 6 sports (high line, escalade, parapente, trail , vtt et alpinisme), dans des conditions dantesques et en moins de 24 heures : 7 highlines, 4000 mètres de D+, 30 bénévoles et des souvenirs à vie.

Crédit photo : © Justin Galant

Fraternité

Antoine Mesnage, Julien Cardon, Antoine Crétinon, Hael Somma (surnommé Maho) et tous les autres passagers du vide comme ils aiment à s’appeler sont des amis de longues dates. Ils se suivent, s’aident et se soutiennent, toujours, et surtout, souvent. Alors, en début d’année quand Antoine Mesnage vient les voir avec une idée originale il ne leur fallu pas grand-chose pour accepter, si ce n’est un petit grain de folie qui font naitre les projets les plus beaux. C’est de cette amitié, ce partage, cette volonté de sortir du commun, dont nous parlons. C’est d’ailleurs ce qui fait rêver Antoine. Jeune highliner émérite originaire d’Annecy, vous l’avez déjà vu sur des slacklines, dans les plus beaux spots de la région, en haut des cimes, près de ceux qui rêvent, loin des cadres de nos vies. Il en a fait le tour de ces plus belles lignes, cela dit le lac qui l’a vu naître, il voulait en faire le tour autrement. D’une façon unique, pure, sensible, poétique, partagée surtout. 

Des lignes topographiques naît alors ce projet fou. Celui de faire le tour de ce lac glaciaire, non pas par les cimes, non pas par le tarmac de sa piste cyclable, non pas par les airs, mais tout cela à la fois. Reliant les pointillés des cartes IGN à l’aide des highlines que les amis du collectif des passagers du vides feront naitre. Réalisant un tracé unique, à l’aide de tous les sports outdoor de nos régions. Du trail, de l’alpinisme, de l’escalade, du vtt, du parapente et évidemment des highlines pour lier l’ensemble, comme le dernier fil d’or d’une réalisation luxueuse. 

Celui de faire le tour de ce lac glaciaire, non pas par les cimes, non pas par le tarmac de sa piste cyclable, non pas par les airs, mais tout cela à la fois.

Ce fil d’or, c’est toute la vie de ces passagers, ceux qui traversent le temps comme l’espace, à l’aide de leur ligne. Ce fil d’or, c’est la couture des mondes, du terrestre à l’aérien, d’un pic à l’autre, de l’attache à la liberté, celle de vivre. C’est aussi leur lien à eux, qui unit tout ce collectif à une même passion. Celle du dehors, de notre nature incandescente et sauvage, domptable parfois, jamais apprivoisable. La capacité de rassembler, en une idée, plus de 30 personnes autour d’une unique cause, d’un projet un peu fou, aussi. 

Car quand ces conquérants de l’inutile s’élancent alors le 23 juin dernier, au petit matin de la plage d’Albigny, sur les abords du lac d’Annecy, ils n’ont rien à gagner, rien à glaner. Ils n’ont aucun record à battre, aucune trace à laisser. Bien au contraire. La trace justement, c’est cela qui importe, avancer, voir si ce possible l’est. Voir si cette idée, belle au demeurant, esthétique sur les cartes peut voir le jour, se révéler et exister telle qu'elle le pourrait, qu'elle le devrait, dans les esprits d'Antoine et de ses compagnons.

30 personnes pour aider, 60 km à parcourir, 4000m de dénivelé à avaler, et 24h pour réaliser l'exploit. La météo ce matin-là est automnale. Le rocher glisse, les premiers mètres verticaux sont délicats. Les trois mousquetaires qui bravent la montagne (Antoine, Antoine et Vincent) avancent, coute que coute. Rien ne leur sera facile. Il est 4h, et la première ligne suspendue est déjà là. Alors commencent les échanges. Du terrestre au vide, en un pas, une volonté. Et le champ des possibles s'ouvre alors.

Crédit photo : © Justin Galant

 

Liberté 

La liberté comme leitmotiv, l’impulsion d’y gouter pour envol. Les 3 amis s’avancent, ligne après ligne, sur les passages techniques du Mont Veyrier, puis des dents de lanfon, et du lanfonnet, pour voir s’approcher la Tournette. Le vent martèle, les nuages harcèlent, mais le trio avance. Les corps prisonniers de la montagne, les esprits libres comme les oiseaux qui les observent. Car c’est de ça dont il s’agit d’après Antoine. Gouter aux limites, trouver ce vide, l’embrasser, comme rarement, aller chercher ce petit plus qui fait sentir la vie en soi, qui fait ressortir le gout souvent inhibé par nos vies grises, de la liberté. Cette rose dont on sent souvent rarement le parfum, mais qui n’est jamais loin. 

La liberté, aussi, de jouer avec son terrain, en parcourant la terre de l’enfance pour l’un, celle des rêves pour d’autres, et celle de vacances pour de nombreux moins chanceux ne vivant pas ici. Cette sensation accompagne d’ailleurs tout au long du récit, tant Antoine, Maho Vincent et leurs amis sont immergés dans le moment présent, quoi de plus libre que l’instant ? Celui qui vient, qu’on sent, et dès lors qui s’échappe. Ce petit brin de vie qui se rappelle à nous. Pour les passagers du vide, le 23 juin était un écrin de liberté, une pierre des possibles, un champ vierge, encore à labourer, frais, n’attendant que la trace de ces hommes et femmes unis par une volonté commune. Celle de vivre. 

Gouter aux limites, trouver ce vide, l’embrasser, comme rarement, aller chercher ce petit plus qui fait sentir la vie en soi, qui fait ressortir le gout souvent inhibé par nos vies grises, de la liberté.

La liberté, enfin, de varier les plaisirs, de s’adonner aux sports du monde de la montagne, les liant, avec amour et respect, avec dévotion et sérieux, avec appréhension aussi, car le défi est de taille. Le groupe a rencontré de nombreuses embuches, des conditions météos aux vents rafaleux des montagnes, de la visibilité réduite aux rochers humides et bien d’autre. Cela dit, via les cordes, les semelles, les pneus et les voiles, ils surmontèrent les obstacles, pour se voir offrir une fin en apothéose, sur la highline du taillefer, en bout de lac. Coucher de soleil en prime. Dès lors, Antoine et ses amis savaient que le défi était réussi. Il fallait rallier l’arrivée, après un vol en parapente magique, hors du temps, qui concluait une journée à jouer dehors, au gré des vents et des marées d’altitude. Une délivrance après la souffrance, et l’espérance. 

Délivrance

La délivrance, la libération. Celle de voir le projet aboutir, celle de voir les espoirs s’unir, et ne faire qu’une avec les rêves. A l’arrivée, à Annecy, comme un symbole, la dernière ligne est tenue par les amis, les bénévoles de cette journée. 30 hommes et femmes qui tendent les derniers mètres du projet, à la force des bras, à l’envie. Une dernière traversée au pont des amours, pour le geste, comme un symbole, pour clôturer de la plus belle des façons une journée pleine.

Pleine de rebondissements, d’inattendu, de partage, de vie finalement. La délivrance, du corps aussi. Celle qui vient après l’effort. Ce dernier n’a pas été ménagé, par ce tour multisport unique, où tous les sens viennent s’unir pour figer la volonté en un mouvement. Le pas, le coup de pédale, le pied posé, le bras qui tire, la voile qui glisse. Par ce défi, ils souhaitaient aller chercher des limites physiques, mais comme souvent, c’est la limite mentale qu’on vient finalement toucher dans ces projets, et qu’ils trouvèrent effectivement à la conclusion de ce tour ; 

Crédit photo : © Loris Poussin

La limite, celle qui peut faire douter, la limite invisible du trop, trop plein, trop vite, trop tôt ou trop tard. Heureusement les trois amis et leurs proches ne l’ont pas atteinte. Ils ont flirté avec cette inconnue, elle a pu leur dire bonjour, mais toujours de loin. Ils ont joué avec elle, la faisant disparaitre derrière les nuages, la revoyant sur les lignes tendues de la Tournette, la haranguant sur les toits montagneux d’Annecy, pour ne jamais la laisser venir trop près. Lui disant au revoir, enfin, pour finir ce tour en beauté. 

Un tour de lac comme prétexte. Comme une excuse.Pour réunir, partager, découvrir, vivre et se souvenir. Un tour pour ne pas faire comme les autres, un tour pour raconter une histoire unique, vraie, sensible et artistique. Un tour pour s’émerveiller, contempler et admirer. Un tour, étourdissant, qui dans dix ans, fera peut-être taire les médisants… 

 

Texte de Nathan Vitu

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