Publié le 15 décembre 2018
L'Escalade indoor

L'Escalade indoor

Le nouveau skateboard
ESCALADE ALPINISME
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Escalade, Reportage

Les salles sont en train de transformer l’escalade. Utilisées auparavant comme terrain d’entraînement avant d’aller en falaise, les salles d’escalade se modernisent, s’équipent et deviennent des gymnases avec restaurant, boutiques et ambiance conviviale. Une nouvelle génération arrive sur le terrain vertical, et n’a pas forcément envie d’aller grimper dehors…

L'évolution des salles
Les salles d’escalade ont bien changé, elles ne sont plus seulement ces arènes de stakhanovistes de la sueur et de l’acide lactique. Elles sont maintenant « un lieu de vie où on peut pratiquer un sport, l’escalade de bloc, mais aussi manger des propositions culinaires saines, faites-maison et locales, des espaces pour se reposer (bibliothèque collaborative, travail), seul, entre amis ou en famille », décrit Diane Saint-Jean, en charge de la communication du groupe Arkose (qui exploite une dizaine de salles en France), « ce sont au final des lieux pour se rencontrer, pour grimper ou pas, avec en plus des cours de yoga, de stretching ou de relaxation ». L’olympisation (en 2020 à Tokyo) de l’escalade devrait, sans aucun doute, renforcer cette tendance.
Direction Denver, aux États-unis, où il se passe la même chose. Nous sommes dans l’une de ces zones commerciales américaines où gisent des centaines de milliers de mètres carrés de bâtiments désertés. C’est là que Chris Warner installe ses salles d’escalade… et pas n’importe laquelle, puisqu’il est en train de construire la plus grande salle des États-Unis. Ce ne sont pas des salles d’escalade comme on les connaissait, pleine de sueur et de poudre blanche, dédiée à l’entraînement hivernal des grimpeurs anorexiques, non : on y trouve dorénavant tout un ensemble de services : salles de yoga, du fitness, des salles de réunion, des bars, restaurants et des magasins…

Quelques chiffres
Les chiffres sont éloquents. Aux Etats-Unis, le nombre de salles d’escalade a doublé en dix ans et augmente de presque 10% par an. The Climbing Business Journal annonce plus de 400 salles d’escalade (climbing gyms, en v.o.) en Amérique du Nord à la fin 2016 (contre 353 en 2015). La même revue, citant des chiffres du Physical Activity Council America, estime à 4.6 millions de sportifs ayant pratiqué soit de l’escalade, soit du bloc, soit de la grimpe en salle en 2016 (un autre chiffre parle de 8 millions de grimpeurs). Si l’on s’intéresse à l’augmentation, elle est fulgurante. Il y a eu quasiment dix fois plus de grimpeurs nouveaux entre 2014 et 2015 qu’entre 2007 et 2014, selon la même étude ! Les statistiques dessinent un profil très paritaire de cette population, puisqu’il y a presque autant d’hommes que de femmes à saisir les prises colorées. Même le géant de la vente, REI, s’y met avec son programme REI Co-op Climb. Un signe qui ne trompe pas !
En Europe, on note plus de 300 salles à Londres et plus de 350 à Paris et en Ile-de-France. Il y aurait 2 millions de grimpeurs en France et une augmentation du nombre de salles d’escalade de 10% par an. En France, une étude de OSV (Outdoor Sports Valley) pointe même l’escalade en deuxième position quant au nombre d’entreprises impliquées… devant le trail running.

Le sport qui va détrôner le crossfit
Alors, est-ce que l’escalade est « le sport qui va détrôner le crossfit » ? C’est ce que pense l’OIA (Outdoor Industry Association). L’escalade vient en effet répondre au besoin physique, mental de repousser les limites, elle offre une progression permanente et toujours différente, avec une très importante dimension communautaire : le moment passé avec les copains est aussi important que la réussite du geste ou la performance. On pourrait résumer cela par : « Adrenaline in a safe way » (de l’adrénaline sans se faire peur). Les grimpeurs novices peuvent découvrir et progresser en toute tranquillité en salle, en s’épargnant les difficultés inhérentes à l’escalade en falaise.
« C’est une nouvelle population que nous appelons les neo-grimpeurs », poursuit Diane Saint-Jean, « un public urbain qui a découvert le bloc en indoor et qui, pour la plupart, n’est jamais allé ou n’ira jamais en extérieur. Il pratique en moyenne 2 à 2,5 fois par semaine. C’est leur pratique sportive de la semaine, comme un jogging. la moyenne d’âge est entre 25 et 32 ans, et les profils sont très variés ! Dans notre salle de Nation à Paris, certains arrivent en costume-cravate, en skateboard, des grimpeurs qui viennent seuls, se donnent rendez-vous avec des copains ou même en famille… ». Une grimpeuse expérimentée, ancienne compétitrice en escalade, estime que « pour cette nouvelle population de grimpeurs en salle, l’escalade est du fitness. Le sport change, c’est certain, même si c’est trop artificiel à mon goût ! L’escalade est un sport de cordée… ».
 

Nous n’essayons plus de dupliquer l’extérieur à l’intérieur

Les enjeux de l'escalade
Un autre sport permet de comprendre les enjeux de l’escalade 2.0 : le skateboard. L’escalade en salle, comme la petite planche à roulettes, n’est plus seulement un sport mais une activité sans mesure numérique de la performance (ni notes, ni chronomètre). C’est le style qui compte, comme l’avait déjà décrit le sociologue Alain Loret en parlant des sports de glisse dans son ouvrage référence de 1995. Le skateboard, c’est vraiment l’imaginaire du bloc : passer des heures sur le même mouvement, dans une répétition obsessive de la gestuelle, avec un matériel minimal, avec très peu de risques physiques et en groupe, avec les potes, en prenant son temps, en s’observant et et s’aidant.

Nouvelle tendance
Cette nouvelle tendance est résumée par Chris Warner, grimpeur lui-même : “il ne s’agit plus seulement de grimpeurs. Certains n’iront jamais grimper sur le vrai rocher. Nous n’essayons plus de dupliquer l’extérieur à l’intérieur, nous nous demandons dorénavant : qu’est-ce qui pourrait être cool à grimper ? En fait, nous construisons une gigantesque oeuvre d’art et nous donnons envie de la grimper ! ” Les ouvreurs de salles, comme c’est aussi le cas en France, font preuve de créativité pour renouveler les blocs et les voies, chaque jour, chaque semaine, chaque mois. Leur métier ? Dessiner une gestuelle créative et sportivement pertinente. De l’art, peut-être, mais c’est surtout un business pour Chris Warner. Le constructeur de salles est devenu au passage un détaillant majeur de l’escalade aux Etats-Unis, avec l’explosion des ventes de matériel d’escalade et 20% d’augmentation des ventes dans ses salles… chaque année… depuis 2010…

Texte : Guillaume Desmurs et Jérôme Décisier
Photos : Guillaume Pellion

BLOC TROTTERS
67 Impasse des Marais,
74370 Argonay

Vitam
500 Route des Envignes, 74160 Neydens

Arkose GENEVOIS
10 Allée des Chênes, 74100 Vétraz-Monthoux
Mont-Blanc Escalade
140 Route du Nant Jorland, 74310 Les Houches

VERTILAC
Savoie Technolac, 10 Allée du Lac de Tignes, 
73290 La Motte-Servolex

CORTIGRIMPE
PAE des Longeray, 74370 Metz-Tessy

Halle olympique
15 Avenue de Winnenden, 73200 Albertville
Gymnase Ambroise Croizat
540 Rue du Revard, 73000 Chambéry

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