Publié le 24 mars 2022
LES BALKANS
Crédit photo : © Gilles Reboisson

LES BALKANS

Deux aventures mystiques aux confins de l'Europe
AVENTURE, SPORTS NAUTIQUES
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Carnet de Voyage, Stand Up Paddle

Les Balkans. Une idée d’ailleurs au seuil de notre porte. Une contrée lointaine enracinée dans notre histoire. L’exotisme oriental qui se mêle à la chaleur méridionale contre le froid des conflits du passé. Un air de musique grisant ; cuivres entraînants et rythmes frénétiques sous un ciel étoilé paré de mille feux. Deux aventuriers nous partagent leur voyage en ces terres d’évasion onirique, terrain de jeu regorgeant de trésors bien réels pour les passionnés d’outdoor.

Crédit photo : © Jérémy Bigé

Une histoire, des paysages et des cultures

Aux confins de l’Europe, les contours de la région dite des Balkans épousent des reliefs et des cultures. Où commencent et où finissent les Balkans ? Cette question a tourmenté nombre de géographes et dévoile la diversité de cet espace bordé par les eaux. La péninsule balkanique se dessine entre les cours du Danube, de la Save et de la Kupa au nord, par la mer Adriatique et la mer Ionienne à l’ouest, la mer Égée au sud, la mer de Marmara et la mer Noire à l’est. Au carrefour de routes et d’influences culturelles riches et variées, la région reste pourtant entravée dans ses reliefs sinueux abritant bien des merveilles.

Au cœur de cette silhouette, différentes contrées se détachent et laissent apparaître quelques drapeaux flottants au vent. Celui de l’Albanie, de la Bosnie-Herzégovine, de la Bulgarie, de la Grèce, de la Macédoine du Nord, du Monténégro et celui du Kosovo pris dans la querelle. D’autres pays viennent flirter avec l’écrin des Balkans sur une partie de leur étendue ; la Croatie, la Serbie, la Slovénie ou encore l’Italie sur sa province de Triestre, la Roumanie sur les rives du Danube et la Thrace occidentale de la Turquie. Des pays souvent pris dans les rouages de l’histoire, tiraillés entre l’orient et l’occident. Certains répondant au nom de Yougoslavie jusqu’il y a encore peu de temps, cherchent aujourd’hui leur propre identité.

Le terme « Balkans » viendrait du turc « montagnes boisées », laissant apercevoir des paysages enchanteurs.

Quant au nom des Balkans, son origine et son étymologie expriment toutes les richesses de ce territoire. Le terme « Balkans » viendrait du turc « montagnes boisées », laissant apercevoir des paysages enchanteurs. D’autres études confèreraient les origines de ce nom aux langues anciennes indo-européennes et signifierait « crête » ou « montagne rocheuse », encore une AOP de bon augure pour les amateurs de sports outdoor ! Les romantiques, eux, invoquèrent une autre signification au mot « Balkans » donnant naissance à une légende populaire. Le nom signifierait « de miel et de sang », telle l’ambroisie sur un Olympe inaccessible. Un mont Olympe qui trône d’ailleurs sur la région aux côtés du Mont Musala en Bulgarie, point culminant des Balkans à 2 925 mètres d’altitude, où des neiges éternelles accueillent le ciel avant de rejoindre les lacs et rivières jusqu’à la mer.

À pied, en roulant, en glissant ou en volant, les routes et sentiers des Balkans nous emportent dans des paysages romanesques et nous ouvrent les portes d’un patrimoine culturel envoûtant. Chaque pays a ses propres formes, ses propres accents, ses propres nuances et renferme ses secrets. Près de 550 000 kilomètres carrés où se cachent quelques-uns des plus beaux spots pour la pratique des sports outdoor. À l’est du nouveau ! Départ immédiat pour deux aventures dans les Balkans !

Sur le fil des Balkans

Crédit photo : © Jérémy Bigé

RECITS D'AVENTURES PAR JEREMY BIGE

Originaire du Vercors, Jérémy Bigé a grandi sur fond de montagne. Skieur de haut-niveau et moniteur de ski, il a posé ses spatules aux quatre coins des Alpes françaises. En 2018, lors d’une année de césure, il part avec trois amis au Népal pour voir ce qu’il se passe au-dessus de 4000 mètres d’altitude et découvre alors un autre plaisir : marcher. Marcher au rythme de la nature, marcher à la rencontre des paysages, marcher et voir le monde autour de soi. « J’ai découvert un moyen de découvrir un massif. On est en immersion. On est plus respectueux du paysage, on le considère vraiment, on le regarde sous toutes ses coutures. Quand on passe vite, on ne fait qu’effleurer les choses. » Il découvre aussi ce que l’isolement veut dire. Dans les Alpes françaises, la première ville n’est jamais bien loin, dans l’Himalaya, l’immensité des étendues et reliefs sont parfois des horizons désertiques. L’été dernier, à la recherche de cet état de béatitude et d’émerveillement que peut lui procurer la marche à pied, il se lance dans une nouvelle aventure : une traversée des Balkans en solitaire par la Via Dinarica ; 1300 kilomètres de sentiers à travers les pays de l’ex-Yougoslavie.

Je savais que je ne savais pas grand-chose de ces pays de l’est. Alors, je me suis dit, va voir !

UNE TRAVERSÉE DES BALKANS EN SOLITAIRE PAR LA VIA DINARICA

Pourquoi en solitaire ? Pour faire le point et avancer. « La marche longue en solitaire, c’est une remise en question, c’est un voyage avec soi-même. Personne ne viendra te contredire ou donner un autre point de vue, c’est à toi de t’interroger, de comprendre et de prendre les décisions. » Pourquoi les Balkans ? Pour l’intrigue d’une contrée dont l’histoire n’a pas tout dévoilé… « J’avais entendu des ‘on dit’, je savais qu’il y avait des montagnes, je savais qu’il y avait eu des guerres, mais à part ça, je savais que je ne savais pas grand-chose de ces pays de l’est. Alors, je me suis dit, va voir ! » Le défi sportif s’est alors transformé en un voyage de curiosité, une envie de découvrir de ses propres yeux ce qui se cache derrière l’appellation des Balkans.

Pourquoi les Balkans ? Pour l’intrigue d’une contrée dont l’histoire n’a pas tout dévoilé…

Son voyage débute au niveau de la mer, en Croatie, les premiers kilomètres de son parcours longent la côte de la mer Adriatique avant de s’enfoncer dans les terres et de s’incliner vers les sommets des Alpes dinariques dominant la Serbie, le Monténégro et l’Albanie. C’est ici que la Via Dinarica s’achève officiellement, mais Jérémy toujours curieux de découvrir ces pays voisins aux accents lointains, poursuit sa route au-delà des 2500 mètres d’altitude par les monts Šar et un sentier sur une crête marquant la frontière entre le Kosovo et la Macédoine du Nord, avant de rejoindre à nouveau l’Albanie. Un périple de 45 jours, 1300 kilomètres et environ 60 000 mètres de dénivelé au total et un dépaysement absolu. « Plus je m’enfonçais vers l’est, plus j’étais ailleurs. J’étais presque comme à la maison en Croatie, le pays est plus développé, il y a beaucoup de touristes, les gens parlent souvent anglais, mais à partir de la Bosnie, puis au Monténégro, j’ai trouvé ce que j’étais venu chercher ! Il y avait des atmosphères et des ambiances envoûtantes. On y entend juste les bruits de la nature. On se retrouve seul au milieu d’une grandeur somptueuse qui s’impose nous. J’étais juste heureux d’être à cet endroit, a ce moment-là. » 

En Albanie, il se confronte à la roche des Alpes albanaises, des prairies déchiquetées par des pics rocailleux, en guise de compagnie. « C’est la première fois que je passais 3-4 jours en montagne sans croiser âme qui vive ! »  Mais, si la solitude ne lui fait pas peur, Jérémy a d’autres peurs sur ses sentiers… Deux détails de taille… Sa première peur : les mines sur ces terres au sombre passé. Les zones frontalières ont gardé de tristes souvenirs de ces années de guerre. « Ça fait un peu peur ! Quand tu habites en France, les mines, c’est seulement dans les films ! Mais heureusement les zones minées sont connues et il y a peu de chance de s’y aventurer sans le savoir. » Son autre peur : l’ours. Bien plus légitime dans cette région que la folie meurtrière des hommes, l’ours est chez lui dans les forêts des Balkans. Un local timide à ne pas brusquer. « Le danger avec l’ours, c’est de le surprendre, de lui faire peur ou de s’approcher de ses petits. Mais il a aussi peur de nous que nous de lui. » La rencontre avec l’hôte de ces bois se passa sans embuche, à distance… « Un moment de grâce. Il était au loin sur une crête à fouiller sous les pierres. J’ai volontairement fait du bruit pour qu’il me voit et ne pas le surprendre. C’était assez magique comme rencontre. » Jérémy ne doute pas que les Balkans cachent d’autres trésors sous ses reliefs. L’envie d’y retourner l’habite depuis son retour. L’envie de s’aventurer dans les villes cette fois, dans la mélodie des chants et des histoires de là-bas, à deux pas de la maison…. En attendant le retour dans les Balkans, Jérémy a mis le cap encore plus à l’Est pour sa prochaine aventure, direction le Kirghizistan et le Kazakhstan, à suivre…

Crédit photo : © Jérémy Bigé

C’est la première fois que je passais 3-4 jours en montagne sans croiser âme qui vive !

Crédit photo : © Jérémy Bigé

Au fil de l’eau du Montenegro

Crédit photo : © Gilles Reboisson

RECITS D'AVENTURES PAR STÉPHANE PION ET NICOLAS FAYOL

Des crêtes aux rivières, il n’y a qu’une montagne ! Au nord du Monténégro, cachée au cœur du parc national de Durmitor, au milieu des montagnes, coule la rivière Tara. Un cours d’eau émeraude éclatant dans l’ombre du plus profond canyon d’Europe. Attirée par la préciosité de ce joyau naturel, une équipe franco-allemande de cinq passionnés d’eau vive est partie à sa source pour une descente en autonomie en stand-up paddle.

Crédit photo : © Gilles Reboisson

Surnommée les « Larmes de l’Europe », la rivière Tara serpente au cœur d’une nature sauvage sans pareille. Le parc de Durmitor est une réserve aux innombrables richesses : des dizaines de sommets perchés à plus de 2000 mètres, des cirques glaciaires, des lacs et des canyons dont le fameux canyon Tara, fierté nationale du Monténégro. Sous sa beauté vertigineuse et outrageante, le canyon héberge les eaux tumultueuses de la rivière Tara. Les kayakistes français Stéphane Pion et Nicolas Fayol accompagnés des athlètes allemands Vallentin Illichmann, Mario et Manuel Stecher ont flirté sur les flots de cette rivière, de ses hauteurs jusqu’à la frontière avec la Bosnie, où Tara rejoint la Piva, pour former la rivière Drina, un sous-affluant du Danube.

Si la rivière est réputée pour les descentes en rafting, rares sont ceux qui s’y aventurent debout sur un paddle.

Parcourir la rivière Tara en SUP et en autonomie était un défi de taille que les joyeux compagnons franco-allemands ont relevé avec brio ! Équipés de sacs étanches accrochés à l’avant de leur paddle, contenant vivres et affaires de bivouac, ils ont ramé durant cinq jours pour venir à bout des 150 kilomètres de la rivière Tara. Seule une partie de la rivière leur a résisté : la section nommée « Devil Gorges ». Cette portion de quatre kilomètres comporte des rapides de classe IV, voire V, avec peu de visibilité, demandant donc une reconnaissance en amont. L’équipe a longuement hésité à se lancer sur ces eaux agitées, mais rattrapés par leur conscience, ils ont décidé de se détourner de cette partie afin de ne pas mettre en péril leur épopée pour quatre petits kilomètres d’adrénaline…

J’ai rarement vu une eau aussi bleue. Cette rivière est envoûtante. C’est l’une des plus belles rivières d’Europe, voire du monde.

Au cours de cette odyssée, l’équipe s’est plongée dans une nature sauvage et préservée. Durant ces cinq jours sur l’eau, ils n’ont croisé que quelques serpents inoffensifs et les péagers du parc assurant la préservation des lieux et la forme de leurs hôtes avec un petit remontant maison ! Une taxe de passage sur la rivière s’échange avec un shooter d’eau de vie au Monténégro !

« J’ai rarement vu une eau aussi bleue. Cette rivière est envoûtante. C’est l’une des plus belles rivières d’Europe, voire du monde. » Stéphane Pion, l’un des frenchies du voyage ne peut cacher son émerveillement. Quand on jette un œil aux images de leur expédition, on ne peut qu’acquiescer et espérer que cette nature reste protégée et se préserve des intérêts de géants venus d’ailleurs.

Une nouvelle histoire s’écrit dans les Balkans. Ces pays jadis dans l’ombre veulent aujourd’hui s’ouvrir sur le monde, faire reconnaître leur culture et leur diversité, faire découvrir la richesse des paysages, mais au risque peut-être de les dénaturer…

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