Publié le 15 décembre 2018
Le couple Mollaret-Gachet

Le couple Mollaret-Gachet

Beguin sur les podiums
TRAIL RUNNING
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Ski Alpinisme, Interview

Axelle Gachet Mollaret et Xavier Gachet forment un couple de haut niveau qui a su faire de sa complicité un levier de performance. Les deux champions de ski alpinisme, tous deux au sommet de leur discipline, composent une cordée gagnante qui prouve que Cupidon sévit même en haute altitude.

Un tandem amoureux qui, les samedis pluvieux, sort les peaux pendant que les autres sortent au cinéma. Un binôme affectueux qui, pour ses premiers rendez-vous galants, se retrouvait sur les podiums. Interview croisée avec le couple qui cumule le plus de dénivelé positif au monde.

Quelle place occupe le sport dans votre couple ?

Axelle : Une place importante (sourires) ! Déjà, c’est le sport qui nous a permis de nous rencontrer, en 2010, sur des courses organisées par la « fédé ». Ensuite, dès que j’ai obtenu mon diplôme de kinésithérapeute à Grenoble, je suis montée à Arêches afin de rejoindre Xavier et me rapprocher de mon terrain de jeu.

Xavier : Le sport est l’un des piliers de notre couple, mais ce n’est pas le seul. Il occupe une place à part puisqu’on s’investit pleinement dans notre pratique. On échange ensemble, notamment sur l’entraînement, la façon d’optimiser la récupération, les vecteurs de progression...

Axelle : Aussi, on essaye de s’entrainer un maximum ensemble. Notamment l’été, en course à pied ou à vélo. Même si le coeur de notre séance, son contenu et les allures à respecter, seront un peu différentes, on fait en sorte de partir sur les mêmes itinéraires et revenir au même moment.

Racontez-nous un jour de course vécu à deux ?

Xavier : C’est un jour comme les autres. Nous n’avons pas de petit rituel. On évoque assez peu la course en amont, mais par contre on débriefe plus facilement après. On se raconte la manière dont elle s’est déroulée, puisqu’au final, comme nous étions nous-même en train de courir, on ignore tout de la performance de l’autre, hormis le résultat.

Axelle : C’est vrai qu’on échange assez peu sur la façon d’appréhender une compétition. Par contre, on discute plus longuement après. Parfois, cela arrive que l’un soit ravi de sa performance alors que l’autre est plutôt déçu. Mais on arrive à gérer. Le mieux, c’est lorsque l’on peut tous les deux se réjouir. Le goût de la satisfaction est beaucoup plus savoureux partagé que seul.

En quoi votre couple est une force pour performer au plus haut niveau ?

Axelle : Je pense que cela joue un rôle, mais à vrai dire, on ne s’est jamais vraiment posé la question. Nous, on le vit de manière très naturelle.

Xavier : Cela rend certainement la saison plus facile à vivre, au sens où l’on fait tous les déplacements ensemble. Une fois entamé l’hiver, on passe très peu de temps à la maison, or c’est très agréable de pouvoir compter sur une présence réconfortante à ses côtés tout au long de l’année, même à l’autre bout du monde. Si l’on faisait tous les deux du sport à haut niveau, mais dans des disciplines différentes, j’imagine qu’on ne ferait que se croiser en coup de vent.

Axelle : Il y a aussi un côté stimulant, puisqu’en tant qu’athlète, on a un mode et une hygiène de vie forcément un peu particulière. On se tire mutuellement vers le haut.

Justement, c’est quoi votre quotidien d’athlète de haut niveau ? Notamment en termes de volume d’entraînement ?

Axelle : Nous travaillons tous les deux à côté de notre pratique. C’est important pour notre équilibre. Du coup, on structure nos entrainements et les compétitions en fonction de cela. Après, nos collègues sont très compréhensifs et nous permettent de nous dégager du temps en hiver, une fois la saison lancée.

Xavier : En termes de volume, le sport représente entre 12 à 20 heures d’entraînement par semaine en phase de préparation. Puis, au fur et à mesure que les compétitions se rapprochent, l’intensité prend le pas sur l’endurance. Enfin, lorsque les courses débutent, en décembre, on privilégie la récupération et l’entretien de la forme au quotidien pour arriver avec de la fraicheur le week-end.

Si vous deviez donner un conseil de coach à l’autre, quel serait-il ?

Xavier : La marge de progression d’Axelle est assez facile à trouver : la descente ! Le jour où elle descendra aussi bien qu’elle monte, elle sera vraiment difficile à aller chercher.

Axelle : Ce qui m’impressionne chez Xavier, c’est sa maîtrise technique. C’est un véritable montagnard qui démontre énormément d’aisance en milieu naturel, d’intuition vis-à-vis de son environnement. Après, il lui manque encore un peu de régularité. Il est capable de réaliser une course magnifique un jour et passer complètement à côté le week-end suivant. Or, chez les hommes, le niveau est tellement dense que tu payes très cher ces petits problèmes de constance. Chez les femmes, même si tu es dans un jour sans, tu peux rester dans le top 5, alors que chez les garçons, tu finis directement au-delà du top 20.

Le sport occupe une place à part dans votre vie. N’est-ce pas étouffant parfois ? Y-a-t-il un risque que la passion se transforme en obsession ?

Axelle : Honnêtement, si quelqu’un nous rencontre sans savoir que nous pratiquons du sport à haut niveau, je ne suis pas certaine qu’il le devine. Le ski alpinisme, c’est une passion, mais notre couple ne repose pas uniquement là-dessus. Ce n’est pas notre raison de vivre.

Xavier : Au-delà du sport, ce qui nous unit véritablement, c’est nos valeurs, nos aspirations et notre mode de vie. Nous sommes tous les deux très attachés à notre travail, à notre routine dans un petit village de montagne, au fait de passer un maximum de temps dans la nature.

Ce mode de vie le plus responsable possible, quasi en autosuffisance, c’est une préoccupation quotidienne ?

Xavier : Oui, nous essayons de vivre de la manière la plus harmonieuse possible avec l’environnement qui nous entoure, en limitant notre consommation. La nature est à notre disposition. il s’agit juste de cultiver les ressources qui sont mises à nos dispositions pour contenter nos besoins, plutôt modestes. Franchement, or urgence ou obligation, si on peut éviter d’aller en ville, ce n’est pas plus mal (sourires) !

Axelle : Mais cela ne nous empêche pas d’être réalistes : on utilise notre voiture tous les jours. En fait, il s’agit plus d’adopter un mode de vie qui nous semble logique que de défendre de véritables convictions. On ne se revendique surtout pas comme des écologistes. Nous ne sommes pas partisans. Nous souhaitons juste, à notre échelle, être respectueux de la nature.

Concrètement, comment se caractérise ce fonctionnement en circuit-court ? Est-il motivé par un régime alimentaire particulier ?

Xavier : Fonctionner en circuit-court, cultiver son potager, acheter des produits locaux… pour nous, c’est du bon sens. Dans notre jardin, nous avons toutes sortes de fruits et légumes, des tomates aux poireaux en passant par les poires, la rhubarbe et même des taupes, un peu pénibles par ailleurs (rires) ! Mes parents ont un poulailler, mon frère fait du fromage et les agriculteurs du Beaufortain nous fournissent en viande.

Axelle : Mise à part manger équilibré et s’alimenter de produits sains, c’est à dire non-industriels et les moins transformés possibles, notre régime est des plus normaux. On s’autorise même quelques petits péchés-mignons : le fromage et la bière, forte de préférence pour Xavier ; une tarte aux légumes accompagnée d’un verre de vin rouge pour moi !

Le ski alpinisme a des perspectives olympiques. Le fait que votre sport puisse faire son entrée aux JO d’hiver pourrait-il nuire aux valeurs de simplicité qui font son essence ?

Axelle : Pour ma part, le sujet me laisse assez indifférente, au sens où je ne me sens pas trop concernée puisque cette perspective me semble bien trop lointaine pour que je puisse m’y projeter. D’autant plus que les formats de courses olympiques, voulus spectaculaires et télégéniques, ne sont pas forcément en phase avec ma conception du ski alpinisme. Après, ce serait mentir que de dire que les JO ne représenteraient pas un superbe objectif sportif. En résumé, je ne vais pas me faire le porte-drapeau de ma discipline auprès du monde olympique, mais je ne vais pas non plus m’opposer à son entrée !

Xavier : Je partage totalement l’opinion d’Axelle. J’ai peur que les contraintes olympiques ne dénaturent l’essence même de notre sport. Franchement, remonter le long d’une piste, c’est assez éloigné de la conception que j’ai du ski alpinisme. Je suis d’ailleurs un peu nostalgique de l’esprit de cordée qui pouvait régner auparavant et je crains qu’une entrée aux JO n’accélère ce phénomène.

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