Publié le 24 mars 2022
King Of The Air
Crédit photo : © Chen Chi Hung / Red Bull Content Pool

King Of The Air

Le rendez-vous des meilleurs kitesurfeurs de la planète
SPORTS NAUTIQUES
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KiteSurf

Quand certains vérifient les houles et leur hauteur, la marée et leurs longueurs, les amoureux du kitesurf lèvent-eux leur tête vers le soleil, là où sévissent les alizés, les bises, les tramontanes et tous les vents qu’Éole aime asséner au gré des journées, des saisons et des années. Plongée, ou plutôt envolée, avec ces maîtres de l’air, reines et rois d’une discipline méconnue mais terriblement engagée, aussi magnifique que le vol d’un oiseau de proie en chasse. Cap sur l’Afrique du Sud donc, en bout de monde, et immersion avec les plus grands (et la plus grande peut-être) kitesurfeurs de la planète.

LE REGARD DU LYNX, LA MAITRISE DE L’AIGLE

Si c’est à un taureau rouge qu’on doit la tenue de cet évènement directement hissé au rang d’un des plus importants, voire le plus important de la discipline, rapport au partenaire principal qui lui a donné son nom, ce sont surtout les aigles royaux du kite surf qu’on vient observer lors de ces jours uniques où cet art encore tout jeune tient son sommet. Dans les sports extrêmes, chaque discipline peut s'enorgueillir d’un évènement hors du commun, quand le Freeride a son World Tour, ou le surf de gros rencontre Nazaré, le kitesurf prend donc place à Cape Town, en Afrique du Sud, pour cette fabuleuse compétition : le Redbull King of the Air.

Un simple coup d’œil suffit pour comprendre toute l’ampleur de l’évènement et tout l’engagement que les riders viennent placer dans leur planche et leur voile. Si on tient le kitesurf pour son rapport spécial à l’océan avec un savant équilibre air-eau, ces maîtres des éléments viennent ici dompter Éole pour envoyer le King of the Air dans un concours d’arabesques acrobatiques arbitré par des juges à l’œil de lynx.

Seulement 20 tickets ont été attribués cette année, et ce sont donc les meilleurs du sport qui viennent s’affronter sur ce théâtre aquatique qu’offre l’Océan Indien. Le but ? Faire le plus haut et le plus beau saut en confrontation afin de se hisser jusqu’en finale et pourquoi pas décrocher le Graal. Le vent est donc le dénominateur unique et commun de l’évènement, car en plus des vagues fortes, les bourrasques doivent être puissantes pour faire s’élever ces prédateurs de tricks le plus haut possible, presque à en toucher les étoiles pour certains (on parle de tout de même d’un record du monde établi à Lacanau à plus de 320 mètres de hauteur !). Évidemment, ici le but n’est pas d’aller le plus haut possible, mais de lier savamment qualité technique, tricks, engagement et hauteur afin d’être couronné et pouvoir se targuer d’avoir su maitriser l’air, en maitre. 

Gonflés à bloc comme leur voile au moment de se lancer dans l’eau, les athlètes sont tout aussi motivés que conscients des risques à s’aventurer sur un terrain de jeu extrêmement dangereux. Lorsque les vents atteignent les 70 km/h, il n’est alors plus temps de contempler et de réfléchir. Une seule erreur et ce sont vos deux jambes, liées à la planche par des straps, qui vous lâchent et qui deviennent en quelques sortes « les fusibles » de votre corps. En 2016, plusieurs riders repartent sur civières de l’évènement après de terribles chutes, dont une qui aura laissé Lewis Crathern dans le coma une semaine. En âme et conscience, en l’air et conscient, donc.

Nous sommes notre plus grand ennemi, notre plus grande barrière. Quand on dit adieu à cet ennemi, tout est possible.

Crédit photo : © Chen Chi Hung / Red Bull Content Pool
Crédit photo : © Ydwer Van Der Heide / Red Bull Content Pool

Ouvrir le champ des possibles, par la voie des airs

Si un adjectif devait préciser ce sport, il serait difficile de choisir tant il fait converger les éléments. Pourtant, quand on observe cette espèce rare de sportifs s’envoler, on ne peut s’empêcher de penser à cette douce liberté. Celle que vous ressentez en avion, en parapente, en chute libre, ou même en sautant à ski ou à vélo. Le vol, dans l’air, unique et inimitable sensation.

Ce sport aura d’ailleurs l’occasion de goûter l’air de Paris pour, peut-être, la seule fois de sa vie, en 2024. En effet, le kitesurf se voit auréolé d’une participation olympique ambitieuse, en kitesurf foil, avec séries féminine et masculine. Une discipline à égalité donc.

Pourtant, lors du Rebdbull King of the Air cette année, une seule femme fut qualifiée. Cet être à part, pilote de l’air en quelque sorte, se nomme Angely Bouillot. Une française de 32 ans, seule prétendante au royaume des Princes qui voulaient être couronnés rois, lors de la « grande messe » du kitesurf mondial, deux années consécutives. Ancienne skieuse originaire de Val d’Isère, amoureuse de la glisse, Angely avoue dans les colonnes de France Info vouloir ouvrir la voie et inspirer d’autres femmes à intégrer le gratin de cette discipline.

Pourtant, la motivation première de cette participation fut la passion et l’amour qu’elle porte à ce sport. À la question justement de la place des femmes sur cet évènement, Angely nous répond que c’est un « grand honneur » pour elle que d’y être présente, et de pouvoir « se battre à égalité » avec les autres concurrents du KOTA.  
Les quotas justement, n’ont pas lieu à Cape Town lors de la compétition. Chacun se qualifie, qu’il soit homme ou femme, de façon identique. Angely apparait donc comme la figure de proue du kitesurf féminin, à l’instar de Justine Dupont faisant grandir le surf de gros avec sa détermination inspirante, sa vision engagée et son navire profilé.
Tout comme Elise Deroche, officiellement première femme aviatrice de France, Angely ouvre la voie, fend l’air de sa planche et espère inspirer, autrement, des générations de femmes sportives et d’athlètes qui lui sont similaires. Pourtant, il n’y est pas question pour elle de genre, mais de compétences, d’envie et de persévérance. On retombe donc sur cette passion qui pousse à soulever des montagnes, ou plutôt ici s’élever dans les airs.

D’après Angely, de ses mots, « le mental se doit d’être d’acier, et la confiance inébranlable ». Le doute n’est pas permis ici. Le mental et ce rapport au « flow » comme elle le dit, permettent aussi la connexion avec les éléments, et la concentration maximale pour l’exécution de la perfection. C’est ce qui apporte selon elle « l’émerveillement ressenti durant et après le moment de grâce ».

Si son prénom la destine à se rapprocher du ciel, le respect qu’elle impose à ses pairs grâce à son parcours nous laisse le souffle coupé, sans voix, quand elle l’ouvre elle, la voie.

 

Quand le Freeride a son World Tour, ou le surf de gros rencontre Nazaré, le kitesurf prend donc place à Cape Town.

Crédit photo : © Red Bull Content Pool
Crédit photo : © Red Bull Content Pool

Adrénaline sur la ligne – De la science à l’instinct

De la science à l’instinct, de la vision à l’exécution, du savoir au savoir le faire. C’est en ces termes que l’on pourrait définir la pratique de ce sport extrême, d’autant plus quand elle est amenée à un tel paroxysme d’excellence et d’efficacité. Le KOTA est de ces moments où lors d’un saut de kitesurfeur, le temps parait suspendu, le public frémit, et tout le monde en vient à se questionner : « comment fait-il, fait-elle ? », « à quelle hauteur sont-ils, sont-elles ? ».

La clé réside probablement dans cette quête sans fin de l’adrénaline, du « moment » et de cet état indescriptible qui peut toucher l’athlète en l’air ou dans l’exécution de sa figure. De la science de la préparation, de l’entrainement, de l’engagement, de la maitrise des éléments, à l’instinct du moment présent, de l’exécution parfaite et de l’excellence pure. Finalement, si l’expérience permet de maitriser tous les aspects en amont d’un concours de ce type, l’inconscient, ce petit travailleur de l’ombre de notre cerveau, reprend le dessus et enclenche un pilote automatique pour celui prêt à l’accepter et à se laisser guider, surmontant les dangers, apprivoisant le réel.

Une osmose parfaite et nécessaire avec soi et les éléments, utilisée pour monter à plus de 20 mètres de haut, à 70km/h tout en réalisant une série de figures aussi belles que féeriques. Ce sont tous ces ingrédients qui vous hisseront jusqu’au 7e ciel du kitesurf, celui où les maitres les plus aboutis peuvent se targuer de maitriser deux éléments sur quatre : l’air et l’eau. Un évènement qui adoube ceux qui, au-delà de la prouesse sportive et physique, intègrent comme ADN une vision quasiment hédoniste de la performance, alliant art et engagement au-delà du concevable comme si finalement voler au-dessus d’un océan pouvait paraitre aussi normal qu’y surfer, d’y naviguer ou d’y nager.  Un concours qui transforme le peu commun en royal, le vassal en souverain, roi ou reine des airs.

Le kite surf se voit auréolé d’une participation olympique en 2024.

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