Publié le 15 décembre 2023
Jadis, un film hommage aux Pyrénées
Crédit photo : © Seb Jam
Cinéma

Jadis, un film hommage aux Pyrénées

Un voyage dans l'Histoire pyrénéenne
SPORTS D'HIVER, AVENTURE, IMAGES
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Cinéma, Ski

En 1787, un berger intrépide grimpait pour la première fois la plus haute montagne des Pyrénées. Deux cents ans plus tard, Sébastien, snowboardeur, et William, skieur, s'embarquent dans une aventure extraordinaire, plongeant au cœur de l'histoire du ski et du pyrénéisme. Leur périple les conduira de la majestueuse silhouette du Pic du Midi d'Ossau à l'altitude vertigineuse de l'Aneto, traversant les époques avec respect pour le matériel et les traditions.

Une traversée en immersion à travers l’esprit pyrénéen qu’ils aimeraient protéger

Le film "JADIS" raconte l'épopée contemporaine de 2 sportifs et une narration en voix off qui dévoile, au fil de leur parcours, les grandes dates marquantes des Pyrénées. La traversée débute avec des tenues d'époque, des espadrilles et une marche à pied, évoluant ensuite vers des chaussures de cuir et des crampons d'acier avec l'arrivée des premières neiges sur les flancs du Vignemale. Les skis en bois à fixations à crémaillère font leur apparition, mais les vêtements sont encore d'une rusticité évoquant les temps passés.

L'aventure se poursuit au rythme des bivouacs, traversant les époques jusqu'à atteindre l'Aneto. Cependant, les temps changent, et avec la construction du premier remonte-pente équipé de la crémaillère de Superbagnères. L’âge d'or des Pyrénées débute, marqué par l'affluence des skieurs et le développement des stations thermales. 

Crédit photo : © Seb Jam

Traverser les Pyrénées avec du matériel d’époque, été comme hiver

William, skieur freeride, continue son périple tout en se questionnant sur sa vision de la montagne et du ski. Le film guide le spectateur à travers cette évolution, montrant comment ce skieur s'inspire du passé pour inventer une nouvelle façon de pratiquer la montagne, axée sur la simplicité et la préservation de l'environnement. L'utilisation d'un vélo électrique devient son moyen de déplacement et la quête de l'exploit laisse place à la contemplation et à la préservation de la nature. Jadis, un documentaire sur l'histoire du ski.

"JADIS" n'est pas simplement un film sur l'histoire des Pyrénées et du ski, c'est une exploration profonde des liens entre l'homme et la montagne, une réflexion sur l'évolution des pratiques sportives et un appel à une approche plus respectueuse de la nature. Une œuvre cinématographique qui transcende le temps et transporte les spectateurs dans un voyage captivant au cœur de l'histoire pyrénéenne.

Seb Jam, snowboardeur passionné et vidéaste professionnel, a choisi les majestueuses Pyrénées espagnoles comme terrain d'épanouissement artistique. Salué pour son précédent documentaire, "In the Long Run", qui a valu à son réalisateur le prestigieux Freeride Spirit Award au Festival de Tarbes, Seb Jam a su capturer l'esprit de la glisse dans des paysages exceptionnels.

William Cochet, militant écologiste et fondateur de Bioskieur, incarne quant à lui une approche résolument axée sur la sobriété et la préservation de la montagne. Explorateur des sommets en Free-Rando, William établit un lien unique avec ses montagnes locales. À la croisée de l'aventure et de l'engagement écologique, William et Seb Jam se rencontrent en tant que pionniers de "JADIS", partageant leurs perspectives uniques sur la pratique du ski et du snowboard dans un contexte contemporain. Nous sommes partis à la rencontre de ces deux figures inspirantes qui transcendent les frontières de l'exploration montagnarde.

Bonjour William et Sébastien, pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a inspiré à entreprendre ce voyage extraordinaire à travers les Pyrénées ? Et d’en faire un film ?

J’ai toujours voulu écrire des films différents, avec du sens afin de pouvoir faire passer des idées qui me sont chères. Et c’est vrai que je cogite depuis pas mal de temps sur le retour à des valeurs plus simples, celle de nos grands-parents, celle de jadis.  Et il y a 4 ans, j’ai compris que les films qui marchaient parlaient surtout d’aventure. Alors pourquoi pas mêler les deux pour transmettre ma manière d’aborder la sobriété ?

Nous nous étions perdus de vue depuis quelques années, mais l’International free ride Film Festival de Tarbes nous a réuni autour de l’amour du cinéma de montagne et de quelques bières. William m’a alors fait part de son idée folle de traverser les Pyrénées avec du matériel d’époque, été comme hiver. Cette graine d’idée qui a germé assez vite, et le mois suivant nous commencions a développé le concept et créer quelques storyboards pour avoir les grandes lignes du film. Étant à l’époque, en 2019, jeune adopté des Pyrennes. L’idée de filmer dans mon jardin et la Montagne que j’ai choisi comme foyer me plaisait énormément.

Cette traversée semble avoir été un mélange de traditions anciennes et de pratiques modernes. Comment avez-vous adapté votre équipement et votre approche tout au long du voyage ?

William : On a fait comme on a pu ! Ça n’a franchement pas été simple, car on n’avait déjà pas d’infos précises sur ce que les pionniers utilisaient à l’époque. J’ai donc surtout fait sur des bases de photos anciennes. Après, il a fallu trouver tout ça en chinant sur internet et surtout, faire que ce matériel puisse fonctionner durablement… Et il a fallu pas mal réparer tout au long de l’aventure…

La quête de l'exploit laisse place à la contemplation et à la préservation de la nature

William, dans le film, on découvre une évolution marquée dans ta manière de voir la montagne et de pratiquer le ski. Peux-tu nous en dire plus sur cette transformation personnelle ?

Depuis maintenant 15 ans, ma vie est en perpétuelle évolution, guidée par la quête de ce qui me semble le plus juste et en harmonie avec la protection de notre planète, notre raison d'être. Au commencement, j'optais pour des produits bio au supermarché, mais aujourd'hui, je n'y mets plus les pieds, ayant radicalement changé de vie pour créer ma propre ferme.

Cette transformation découle de prises de conscience successives. Je ne prends plus l'avion, j'ai changé de banque, abandonné les réseaux sociaux et les smartphones, renoncé au chocolat, cherchant constamment à comprendre si tout ce que le monde moderne, destructeur du vivant, nous offre réellement procure le bonheur. Pour moi, la réponse réside dans un équilibre entre le passé et le présent, entre ce qui était et ce qui est. Les pionniers pratiquaient le ski, et pourtant, l'impact carbone de l'époque était bien moindre.

Bien que je pense avoir trouvé un équilibre satisfaisant entre mes convictions et mes choix de vie, je reste confronté à une problématique insoluble concernant les déplacements en montagne. C'est un défi qui dépasse ma simple volonté de changement. Il est difficile de ne pas constater qu'il y a cinquante ans, les trains étaient présents partout, offrant une solution de mobilité bien plus durable. Le vélo, évoqué dans le film, est louable, mais sa praticité et sa transposabilité à d'autres personnes restent limitées.

Sébastien, en tant que réalisateur, comment avez-vous abordé le défi de capturer cette aventure sur film ?

Sébastien : Cela a nécessité une grosse préparation ! Les tournages de traversée ont été les plus difficiles à gérer, en raison des limitations liées aux batteries et à la capacité de stockage des données. Nous avons dû anticiper les zones clés de tournage lors des randonnées, en choisissant les heures propices pour capturer les images les plus spectaculaires avec la meilleure lumière. Il a été essentiel de résister à l'envie de filmer à chaque instant de beauté, car dans les Pyrénées, la beauté est partout, à chaque tournant de montagne.

Par ailleurs, le poids a constitué un défi majeur. En tant que petite production, la plupart des jours de tournage se sont déroulés en duo, seulement avec William et moi. 

Transporter tout le matériel a souvent conduit à des sacs dépassant les 20 kg. Un autre défi a été de développer, avec William, l'histoire de ce film. Il a fallu mettre en scène et concrétiser l'évolution du skieur dans sa relation avec la montagne et son approche des sommets. À travers les visuels et la narration, nous avons cherché à créer un cheminement compréhensif avec une fin qui ait du sens.

Dans les Pyrénées, la beauté est partout, à chaque tournant de montagne

William, en tant que skieur engagé dans la préservation de l'environnement, comment envisagez-vous l'avenir de la pratique du ski et du snowboard ?

En ce qui concerne le ski de station, il semble inévitablement condamné d'ici à 2050 pour les stations pyrénéennes, comme c'est déjà le cas dans le Jura au cours de cette décennie (Métabief a annoncé sa fermeture pour 2030, par exemple). Cependant, pour ma pratique, qui est le ski de randonnée, je pense qu'il y aura toujours suffisamment de neige en altitude pour continuer à profiter de cette activité avec plaisir, même si la période propice se réduit indéniablement. Quoi qu'il en soit, la nature et la montagne conserveront leur beauté, bien que ce soit triste de ne plus pouvoir admirer la splendeur des glaciers qui nous entourent !

Sébastien, quel message souhaitez-vous faire passer à travers ce film ?

En tant qu'amoureux de la nature, considérée comme un moyen d'expression, de plaisir et un lieu de vie, je partage avec William des inquiétudes liées à la préservation de notre environnement. Cependant, à la différence de William, je ne suis pas un militant écologique. À mon sens, les films de ski ne sont pas le média idéal pour aborder les causes écologiques, étant donné que la pratique moderne du ski contribue au problème. C'est pourquoi il était essentiel pour moi que le message du film soit simplement le témoignage d'un skieur sur sa propre réflexion et les choix qu'il doit faire pour rester en accord avec ses convictions. Bien que le message soit présent, je ne souhaitais pas sermonner le spectateur ni le blâmer pour sa propre pratique du ski.

"Jadis" est avant tout un film sur la montagne, une ode aux Pyrénées. L'objectif principal est de transporter les spectateurs, de les inviter à passer 38 minutes en montagne avec nous, avec l'espoir que cela les incitera à sortir et à profiter de la nature. Si le film les pousse également à réfléchir, c'est un bonus appréciable. 

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