Annika Horn, fille aînée de l'explorateur Mike Horn, dévoile son tout premier film d’aventure : Inner Horizon. Ce périple cinématique retrace en 28 minutes l’aventure familiale d’Annika, qui, en plein questionnement identitaire et en quête d'émancipation, part à la découverte du Groenland. L’occasion pour elle de renouer tant avec les origines de son histoire, qu’avec la philosophie de son père : celle de chercher l’inexploré pour mieux se retrouver. Inner Horizon aborde également une facette inédite de Mike Horn, celle du père plutôt que de l’explorateur, endossant alors le rôle de boussole pour Annika.

Le Groenland comme miroir
Cap au Groenland, terre sacrée pour le clan Horn ! C’est dans cet immense décor givré que le film retrace la relation qu’Annika et son père partagent. Tourné au printemps 2024, le film nous plonge en plein arctique où la banquise, les glaciers et le silence polaire semblent avoir été taillés pour éprouver les corps et révéler les âmes. Car plus qu’une expédition sportive, Inner Horizon se veut une expérience initiatique. Annika y questionne son identité, son héritage familial et cette relation unique qu’elle entretient avec la nature. « Oser rêver plus grand », voilà le message qu’elle souhaite transmettre à travers cette aventure, qui résonne alors comme un appel universel à dépasser nos propres limites.

L’ombre et la lumière d’un nom
Dans la famille Horn, l’aventure n’est pas un hobby : c’est une langue maternelle. C’est ainsi qu’enfant, Annika grandit au rythme des expéditions, des bivouacs improvisés et des récits épiques de son père. Mais avec Inner Horizon, Annika semble enfin tracer sa propre voie. Car être la fille de Mike Horn c’est porter un héritage immense, parfois écrasant. Pour rappel, Mike Horn détient le record de la plus longue traversée Nord-Sud de l'Antarctique, faisant de lui un vétéran de l’exploration moderne dont la nouvelle génération s’inspire encore. Mais Annika aborde cette filiation avec une fraîcheur désarmante : « Je me vois comme un pont entre mon père et tous ceux qui mènent une vie plus ordinaire », confie-t-elle. Ce rôle d’intermédiaire, qu’elle assume pleinement, lui permet de rendre l’exploration accessible pour un large public, notamment pour les femmes, qu’elle souhaite encourager à se lancer dans leurs propres aventures. En passant le relais à sa fille, Mike Horn permet également de transmettre sa passion et son expérience à un plus grand nombre, ainsi qu’à la nouvelle génération.
Je me vois comme un pont entre mon père et tous ceux qui mènent une vie plus ordinaire
Une aventure intime mais universelle
Au-delà du voyage, le film se regarde comme une véritable métaphore : affronter le froid, la fatigue et l’incertitude pour apprendre à se construire. Derrière son sourire lumineux, Annika Horn s’affirme enfin. Elle n’est plus cette enfant discrète et protégée mais une femme déterminée, capable de transformer l’expérience familiale en un récit personnel et contemporain. Avec Inner Horizon, Annika prend son envol, mais jamais loin de son père, son héros.

Avec son esthétique rétro et ses images saisissantes, Inner Horizon s’inscrit déjà comme un futur “classique” des projections aventure. Plus qu’un récit polaire, il propose une plongée dans l’intime, un voyage au cœur de l’Arctique et de soi-même. Inner Horizon est le premier grand pas d’Annika Horn, une exploratrice nouvelle génération qui conjugue aussi bien héritage que modernité pour nous rappeler que l’appel du large commence toujours par un pas hors de notre zone de confort.
Rencontre avec Annika Horn
Inner Horizon est présenté comme ton premier grand film. Quelle était ton intention initiale en lançant ce projet ?
Je n’ai pas l’impression d’avoir fait un « grand film », mais c’est le premier que je porte vraiment de bout en bout avec une équipe. Mon intention au départ, c’était surtout de vivre une expédition forte avec mon père, pour voir si j’avais, moi aussi, l’âme d’une aventurière. Comme j’ai toujours aimé raconter par l’image, ça s’est transformé en film presque naturellement… alors qu’au début, ce n’était même pas prévu !

Pourquoi avoir choisi le Groenland comme terrain d’expédition ?
Le Groenland, c’est un mélange de beaucoup de choses pour moi. D’abord, Mams en est revenue bouleversée, en disant que c’était le plus bel endroit qu’elle ait jamais vu, et son émerveillement est resté en moi. J’ai toujours eu une fascination pour les chiens polaires et ce lien unique entre l’homme et l’animal. Et puis il y a Paps, qui m’a transmis dès l’enfance cette intrigue pour les régions polaires, à travers nos expés familiales au Canada ou jusqu’au pôle Nord. Le Groenland rassemble tout cela : une terre brute, préservée mais accessible, où j’ai ressenti une liberté immense.
Peux-tu nous raconter un moment fort de cette aventure où tes limites ont été repoussées ?
La première fois que j’ai sorti un kite-ski. J’étais débutante, et la seule option était d’y arriver. Ce jour-là, j’ai senti mes croyances basculer : j’ai compris que j’étais capable d’aller bien plus loin que ce que j’imaginais.
Mon intention au départ, c’était surtout de vivre une expédition forte avec mon père
Le film adopte une esthétique rétro/vintage. D’où vient ce choix artistique ?
Avec Titouan et Lucas, on voulait sortir des codes du film d’aventure classique. J’ai toujours eu ce côté nostalgique, attachée à l’héritage et à la mémoire, et le vintage nous permettaient de relier passé et présent. La musique de Zikali est venue renforcer ce ton, avec une touche mélancolique qui donne une vraie âme au film. Inner Horizon, ce n’est pas un film d’exploit, mais un hommage à ce qui nous précède et à ce qui nous pousse en avant.

L’organisation quant à la préparation et la gestion de la nourriture s’est-elle relevée être une contrainte ? Peux-tu nous en dire un peu plus sur ce sujet ?
Oui ! C’est une vraie science que mon père maîtrise par cœur, et que je découvre encore. J’ai compris que la préparation, même si elle est invisible, est essentielle. Sans elle, rien n’est possible.

Tu es la fille de Mike Horn, l’un des explorateurs les plus connus du globe. Comment fais-tu pour tracer ta propre voie sans être rapportée à « la fille de » ?
Être « la fille de », je le vois à la fois comme une force et une pression. Ce film est un premier pas pour me définir par moi-même, dans le même univers que mon père mais avec ma voie, mon identité.
Dans le film, tu évoques ton rôle de « pont » entre ton père et le grand public. Qu’est-ce que cela signifie exactement ?
Mon père vit l’extraordinaire. Moi, je veux montrer que l’ordinaire peut aussi s’y frotter. J’aimerais que les gens puissent se reconnaître en moi et trouver le courage d’oser leurs propres défis. Et depuis la disparition de ma mère, j’ai pris ce rôle de relais : traduire et transmettre les messages de mon père à travers ses livres, ses conférences, ses réseaux. C’est ma manière d’honorer son héritage.
Quel est le plus grand enseignement que ton père t’ai transmis à propos de la vie ?
Qu’il faut rêver sans limites, mais aussi donner du sens à ce qu’on fait.
Tu insistes sur l’idée d’« oser rêver toujours plus grand ». Quel est le principal message que tu veux faire passer au public ?
Que rêver, c’est ce qui nous pousse à agir. Un rêve n’a pas besoin d’être gigantesque, mais il doit nous faire avancer. Chaque petit rêve accompli nous donne l’élan d’aller plus loin. L’aventure n’est pas une fin en soi, c’est un chemin pour grandir et se découvrir.
Tu souhaites montrer que l’aventure n’est pas réservée qu’aux explorateurs chevronnés. Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui se lance dans ses propres défis du quotidien ?
Commencer petit, mais commencer. Croire en soi, et ne pas se laisser enfermer dans des étiquettes. Moi, je me fixe un petit défi par mois et un grand par an — ça m’aide à avancer par étapes, sans perdre de vue mes rêves.

Tu mets en avant l’importance d’inspirer d’autres femmes. Selon toi le milieu de l’exploration est-il masculin-centré ?
Oui, encore beaucoup. Mais ça évolue. Les femmes apportent une autre vision, plus sensible, plus intérieure. Explorer, ce n’est pas seulement découvrir des territoires, c’est aussi apprendre à se découvrir soi-même. C’est tout le sens d’Inner Horizon.
Après ce premier film, quelles sont tes prochaines destinations et/ou objectifs ?
Je rêve de nouvelles aventures à vélo, notamment en Afrique, pour retrouver cette intensité du voyage lent. Le Bhoutan m’appelle aussi, pour continuer à creuser cette question d’identité. Et côté projets, j’aimerais développer d’autres films qui racontent la beauté du monde, la résilience humaine et le dépassement de soi.
Enfin si tu devais résumer Inner Horizon en une seule phrase, quelle serait-elle ?
S’élancer dans l’inconnu, guidée par son héritage, pour trouver son propre horizon intérieur.
Réalisateur : Titouan Bessire Production : Annika Horn, Lucas David Durée : 28min
À retrouver : les aventures d'Annika Horn