Dans le top 3 mondial depuis plusieurs années, Grégory Gaultier a l’un des plus beaux palmarès du sport français. À 35 ans, il est au sommet de la hiérarchie du squash masculin. Non, il n’est pas héros de la balle jaune, mais plutôt lion rugissant dans une cage en verre.
Le squash est un sport extrêmement populaire mais absolument pas médiatisé. Penses-tu qu’il aura un jour sa place aux Jo ?
J’espère bien ! Et pourquoi pas en 2024 à Paris ? Ça fait plusieurs fois qu’on passe à côté, c’est frustrant mais on continue d’y croire ! Aujourd’hui le squash est devenu télégénique avec des gros moyens mis en place via la PSA (association pro squash) ces dernières années.
Tu as déclaré « Je travaille comme un dingue tous les jours ». Peux-tu nous décrire une journée type ?
Je démarre toujours par une séance de stretching après mon petit déjeuner; j’ai généralement 2 séances par jour, soit physique (vélo ou musculation) soit squash le matin, puis une autre séance de stretching et de squash l’après-midi. S’ajoutent à cela du travail mental, de la visualisation, de l’analyse de jeu, des adversaires, technique, tactique, conditionnement… Le temps de squash par jour peut donc varier entre 5 et 7 heures.
Le squash est un sport à haute dépense énergétique, as-tu un régime alimentaire particulier ?
Je fais très attention à ce que je mange, mon poids de forme est 74 kilos, j’évite les sucreries et les plats en sauce, c’est déjà ça ! Le matin généralement je mange des flocons d’avoine avec des fruits, le midi et le soir des féculents avec une viande blanche ou du poisson et des légumes. Je veille aussi à m’hydrater correctement. Je mange souvent sans gluten, ça me permet aussi de mieux digérer !
Quelles sont les qualités de ton jeu ?
La vitesse de déplacement et l’anticipation, ma précision et la puissance de mes coups.
Quels sont tes prochains défis ? Tu te fixes encore combien d’années à haut niveau ?
Je ne me fixe pas de date de retrait pour le moment, tant que j’arrive à être au top et que je prends du plaisir, je continue. Il y a eu le British Open mi-mai et les World Series finals à Dubaï début juin, puis une coupure jusqu’à septembre. La saison débute ensuite et finit en juin, durant cette période c’est du quasi non stop !
J'ai enchaîné les blessures et cela m'a fait perdre mon statut de numéro 1 mondial.
Récemment blessé à l’adducteur, tu n’as pu défendre ton titre à l’Open de Suède en février dernier. Déception ?
J’ai été très déçu cette année ; j’ai enchaîné les blessures et cela m’a fait perdre mon statut de numéro 1 mondial…
Comment comptes-tu récupérer ta place de numéro 1 ?
Comme d’habitude, par l’abnégation, rigueur et force mentale !
Tu as 35 ans, mais encore plus que jamais au top niveau. Plus tu vieillis plus tu te sens performant ?
Au fil des années j’ai acquis beaucoup d’expérience, je joue là-dessus. Après j’essaie de m’améliorer constamment au niveau technique et tactique. Aujourd’hui je dois modifier ma préparation pour préserver mon corps avec des entraînements moins traumatisant.
Marquer l’histoire du squash, c’est quelque chose d’important pour toi ?
Ce qui m’importe est de gagner des gros titres comme champion du monde ou de gros tournois majeurs tout en prenant un maximum de plaisir ! Je ne cherche pas à marquer quoique se soit, l’histoire ou battre des records. Je me focalise sur le jeu et sur ce que je dois mettre en place pour atteindre mes objectifs.
Comment occupes-tu ton temps libre ?
Je passe tout mon temps à bosser et me conditionner pour être performant dans mes séances ainsi que mes tournois, le peu de temps libre qu’il me reste est pour ma famille, ma femme et mes enfants.
Vis-tu bien de ton sport ?
J’en vis ! Mais on est très loin des sommes des sports ultra médiatisés comme le foot, le tennis ou le golf.
Palmarès
Champion du monde 2015, Vice-champion du monde 2006, 2007, 2011 et 2013, Champion d’Europe par équipes 2015, Vice-champion du monde par équipes 2003 et 2009, 9 fois champion d’Europe individuels, 6 fois champion de France, Vainqueur des World Games en 2013
Interview : Carole Cailloux
Photos : Steve Line / Hamish Irvine