Elles changent les regards, tracent leurs propres sentiers, et réaffirment leur place dans le sport : les femmes. Motivées par la passion : Nom féminin, synonyme d’une flamme ardente, un intérêt indéfectible. Cette passion commune qui les unit, c’est le VTT. Dans Gravity Girls, Sacha Doucin met en lumière ces femmes qui, à travers leurs histoires, inspirent et motivent d'autres à prendre le guidon et à faire évoluer la discipline à leur manière. Interviews croisées d’une rideuse passionnée à l’origine du projet, d’une athlète inspirante et du réalisateur qui a immortalisé cette détermination.
Un jour je me suis dit : “Il faut que j’essaie, je sens un truc en moi”


Il fallait que ces profils de femmes soient mis en avant parce qu’elles sont toutes inspirantes !
ET DIEU CRÉA LE VTT
Sacha Doucin : “Je m’appelle Sacha Doucin, et j’ai écrit le film Gravity Girls. C’est fou parce que j’ai commencé le VTT du jour au lendemain. Un jour je me suis dit : “Il faut que j’essaie, je sens un truc en moi” et le jour même je suis partie m’acheter un semi-rigide chez Specialized et je suis allée rouler dans le Semnoz. Je me faisais secouer, je me prenais des retours de pédales, je tombais, mais j’adorais ! Depuis ce jour-là̀, je n’ai jamais arrêté de rouler. C’est devenu une révélation. Aujourd’hui, ce qui me fait vibrer c’est de découvrir des nouveaux endroits à rouler. Des endroits qu'on n'aurait pas découvert sans notre vélo. C’est l'excitation d’avoir des bonnes sensations sur le vélo, c’est de pouvoir partager ça avec mes amis. C’est l’ambiance générale qui est incroyable. La bonne humeur est toujours au rendez-vous.”
Morgane Jonnier : “ Je m’appelle Morgane Jonnier et je suis pilote d’enduro. J'ai roulé de nombreuses années en coupe du monde et maintenant je fais plutôt de la compétition d'aventure avec des courses d'itinérance.”
Damien Vergez : “Je m’appelle Damien Vergez et je suis producteur et réalisateur, gérant de la société de production FASTFOKUS.”
j’ai voulu m’engager à ses côtés pour donner vie à cette aventure


LES ORIGINES
SD : “Quand j'ai commencé́ le vélo, je me suis toujours dit que j'aurais aimé́ avoir des référents pour m'inspirer et faire évoluer ma pratique. Et j'ai très peu trouvé de contenu concernant la pratique féminine en dehors des athlètes, des riders et rideuses pro. Puis en août 2023, pendant ma troisième saison de vélo, je me blesse à nouveau. Double fracture ouverte de l’avant-bras. Cette fois-ci, j’ai directement pensé qu’il fallait que cette période de convalescence me permette de m’émanciper et de développer un projet à l’image de ce que j’aimerais voir. Quand tu ne peux plus pratiquer ce qui t'anime, tu es confronté à toi-même et là tu te dis : “Mince, et maintenant, qu’est-ce que je fais ?” C’est durant cette période que la graine de Gravity Girls a germé dans ma tête.”
DV : “Cela faisait longtemps que j'avais envie de faire un film sur l'engagement et la passion des femmes pour cette discipline. Quand Sacha m’a présenté son idée, j'ai tout de suite été séduit par son projet et j’ai voulu m’engager à ses côtés pour donner vie à cette aventure.”
LES ASPIRATIONS DU FILM
DV : “Tout a commencé autour d’un verre, quand Sacha m’a partagé son envie de mettre en avant le VTT féminin. On a commencé à écrire le film ensemble, en gardant comme fil conducteur ce qui nous touchait profondément : les parcours, les doutes, la passion. Et surtout, j’ai voulu que Sacha soit à l’image, qu’elle soit celle qui mène les discussions. Parce que ce projet, c’est le sien. Et qu’il n’y avait rien de plus juste que de la voir elle-même partir à la rencontre de ces femmes incroyables. Ça rend le film vivant, sincère, et fidèle à l’essence même de ce qu’on voulait raconter. Il y a eu beaucoup de chemin parcouru depuis ce premier verre. Je crois que Sacha n’en revient toujours pas d’ailleurs… (rires).”
SD : “L’objectif du film est d’apporter un regard sur la communauté féminine. Ici à l’échelle locale, cette communauté est faite de femmes athlètes, d’ambassadrices, de monitrices de VTT, d’amatrices, de femmes engagées dans des asso’, dans l’entretien et la création de sentiers à rouler, et plus encore. Il fallait que ces profils de femmes soient mis en avant parce qu’elles sont toutes inspirantes !”
Si j’ai progressé c’est parce que j’ai roulé avec bien meilleur que moi


TOUTES (ET TOUS) UNIS PAR LA MÊME PASSION
MJ : ”J'ai toujours allié vélo avec le sport en compétition. Et malheureusement, on est quand même très peu en compétition chez les femmes. Donc j'ai toujours roulé avec des hommes et j'ai vraiment pris goût à rouler avec eux. J’étais toujours en quête de progression, à m'accrocher derrière les gars et à apprendre.”
SD : “Je suis entièrement d’accord avec les propos de Morgane. Le but c’est aussi de rassurer. On est une communauté au sein de laquelle la majorité des personnes avec qui on roule sont bienveillantes. Les hommes sont plus nombreux dans la discipline alors on est souvent amenées à rouler avec eux, et c’est vrai qu’on progresse. Je n'ai pas le même regard que Morgane au sujet de la compétition parce que je n’en ai jamais fait. Mais au quotidien, qu'on roule avec des gars ou des filles, rien ne change. Et petite anecdote, les gars sont beaucoup plus bavards sur vélo que les filles. Combien de fois, on est là à leur demander : “Bon, on y va ?” (rires).”
On est une communauté au sein de laquelle la majorité des personnes avec qui on roule sont bienveillantes


S’ADRESSER AUX DÉBUTANTS ET AUX AGUERRIS
SD : “Le film est aussi un moyen de montrer qu’on est une communauté mixte et qu’on peut rouler ensemble, se sentir à l’aise et intégré au sein d’un groupe, même si on a pas tous le même niveau ! Si j’ai progressé c’est parce que j’ai roulé avec bien meilleur que moi. Et finalement ceux qui ont un meilleur niveau que toi prennent aussi plaisir à rouler avec toi parce qu’ils apprécient te voir progresser.”
UNE ÉVOLUTION DÉJÀ VISIBLE
DV : “Je filme dans le milieu des sports outdoor depuis 14 ans, j’ai vu une vraie évolution dans la place et la représentation des femmes. Il y a de plus en plus de femmes en compétition, le niveau explose, et ce qui est fascinant, c’est de voir à quel point il se rapproche de celui des hommes — parfois même équivalent. La manière dont ces sportives sont représentées a aussi beaucoup évolué. On est sortis des clichés. Aujourd’hui, l’accent est mis sur la performance, la personnalité, les histoires inspirantes. Ce sont des athlètes à part entière, qu’on admire pour leur engagement, leur niveau et leur vision du sport. Je pense notamment à Casey Brown, que j’ai eu la chance de filmer. C’est une pionnière. Elle a ouvert la voie à toute une génération de rideuses en repoussant sans cesse les limites — avec une aisance et une intensité incroyable. Elle a été l’une des premières femmes à poser des jumps et des drops de taille Rampage, et ça, c’est un tournant. Elle m’a clairement inspiré, et elle a changé ma façon de voir les choses.”
SD : “Il y a un message fort lorsque Kilian Bron et Thomas Lapeyrie disent à la fin du film que c’est une discipline mixte et qu’il n’y a pas de débat en termes de légitimité. En parallèle, la place de la femme dans cette discipline se démocratise, mais c’est un sujet qui prend du temps. Il y a encore du chemin à parcourir mais les choses évoluent dans le bon sens grâce au regard des gens et parce que les femmes s’engagent et s’affirment de plus en plus dans ce sport.”


S’INSPIRER LES UNS LES AUTRES
SD : “Si j’ai un message à faire passer c’est dire merci à toutes ces femmes qui sont engagées. Merci pour leurs victoires. Merci pour ce qu'elles dégagent parce que ça donne espoir et cela permet à la pratique de se développer. Je ne parle pas que de la pratique du VTT, je parle dans tous les sports. Leurs victoires et leurs discours fait évoluer le regard des gens et la place de la femme dans le sport parce qu'il reste quand même du chemin de manière générale. C'est aussi dire à toutes ces femmes qui pratiquent n'importe quel sport ou qui ont envie de s'engager dans un sport : foncez ! C'est une manière d'apprendre beaucoup de choses sur soi de pratiquer un sport avec passion. Pour le VTT, j'espère que Gravity Girls sèmera une petite graine chez certaines comme ça a pu le faire pour nous en fait au début. Et ne pas hésiter, juste prendre le vélo et aller rouler.”
MJ : “J’espère qu’on verra de plus en plus de projets inspirants comme celui-ci, qui mettent les femmes en lumière. Au fond, nous sommes avant tout des riders. Peu importe qu’on soit une femme ou un homme. On aime simplement rouler, passer du temps en forêt, et partager de bons moments entre ami·es.”
On est sortis des clichés. Aujourd’hui, l’accent est mis sur la performance, la personnalité, les histoires inspirantes
gravity girls
• Réalisateur : Damien Vergez
• Scénario : Sacha Doucin
• Casting : Deborah Motsch, Morgane Jonnier, Candice Tupin, Morgane Such, Olivia Kemp, Sebastien Giraldi, Eve Malinconi
• Durée : 17 min 56