Fou de sports de glisse, il est créateur d’événements depuis 2008 et générateur d’idées depuis sa venue au monde. Son agence Like That, à Annecy-le-Vieux, a troqué l’IF3 contre le High Five. A 34 ans, Gaylord Pedretti n’a pas froid aux yeux.
Brossez-nous votre portrait en quelques mots…
Je suis un adulte qui a réalisé ses rêves d’enfant et un enfant qui réalise ses rêves d’adulte. Ça a l’air bête mais je n’ai jamais l’impression de travailler. Mon métier, c’en est presque maladif, je l’exerce 24/24h. Je ne pars pas en vacances sans mon téléphone, je prends des photos, m’inspire des choses, regarde les gens pour essayer de comprendre ce qu’ils veulent ou ce qu’ils ne veulent pas. A New York ou à Tokyo, je pioche des idées partout.
C’est quoi votre travail au juste ?
Organiser des événements, occuper les gens, me raconter des histoires et les réaliser. J’aime l’idée que les gens gardent un souvenir de nos événements, les inscrivent sur leur agenda, en font un incontournable, un peu comme Noël ! Le plus beau cadeau, c’est qu’on me dise que ce n’était pas possible à réaliser. Si c’était facile, d’autres l’auraient fait avant nous. Mais on ne fonce pas la tête baissée : on rêve les yeux ouverts.
Pourquoi Like That ?
J’ai créé le nom et le logo en 2007. L’imbrication du L et du T montre l’emboîtement des choses qui composent un tout. Comme un chef d’orchestre qui a besoin de tous les musiciens pour coordonner un concert. Nous, on crée un puzzle, on a besoin de toutes les pièces. Avec Like That, je voulais aussi marquer mon caractère affirmé. Parce que c’est « comme ça » et pas autrement. Les gens qui poussent la porte de l’agence savent que nous avons une patte. Ça ne veut pas dire qu’on ne sait pas s’adapter, mais si j’ai une vision, que je crois qu’on doit aller là, on ne me fera pas aller ailleurs. C’est difficile de me « déconvaincre ».
En quoi High Five – qui a remplacé l’IF3 - vous ressemble ?
High Five nous ressemble car nous l’avons créé. Je dis toujours qu’avec l’IF3, nous étions la nounou et qu’avec High Five, nous sommes les parents. High Five est plus qu’un événement, c’est la philosophie de se retrouver entre copains, de parler musique, cinéma, de tout ce qui gravite autour du ski. Un High Five consiste à se taper dans la main, c’est un peu le salut d’une communauté. Parce que le ski est à la fois un sport individuel et hyper collectif. Comme à l’agence, nous sommes composés de personnalités individuelles mais nous fonctionnons en collectif, avec un esprit de groupe.
Quel est le premier événement que vous ayez créé ?
Sans le savoir, la personne qui m’a amené à l’événementiel, c’est ma petite sœur parce que j’organisais ses anniversaires. J’ai toujours pensé que c’était l’événement le plus difficile à mettre en œuvre parce que je voulais qu’elle soit la plus cool de l’école, que ses amis lui parlent de son anniversaire tout le temps. Le problème, c’est qu’elle est née en août, ce qui ne nous arrangeait pas car beaucoup de monde s’absentait l’été. Il fallait donc jouer d’ingéniosité pour réussir. Ça m’a vraiment mis le pied à l’étrier. Au sens professionnel du terme, j’ai créé et organisé mon 1er événement en 1999 à Serre Chevalier. J’avais alors 17 ans. Ça a été un vrai déclic.
Votre plus grande peur ?
Etre à court d’idées, à court de projet. Ne plus me sentir vivant. Que le travail ne me fasse plus vibrer. D’où l’importance d’être bien entouré parce que travailler en équipe nous rend meilleur et j’ai toujours su m’entourer de personnes qui croyaient en mes projets. Il faut savoir qu’en face de nous, tout commence par un « non ». Mais je ne me suis jamais arrêté à un obstacle. Alors une grande peur serait de ne plus avoir la foi de me battre.
La meilleure idée que vous ayez eue ?
Regarder ce que font les autres et ne pas faire comme eux. Faire les choses comme personne, c’est ma meilleure idée. Il faut marquer son identité et si on nous copie, ce n’est pas grave, on prendra un train d’avance.
Quel événement rêveriez-vous d’organiser ?
Le prochain ! Si on rêve d’un événement, on le réalise. Quand je regarde ce qu’on faisait en 2008, je me dis : « Ouah, on a sacrément évolué ! ». L’important est de ne pas vouloir monter trop vite. Des événements que j’ai créés il y a 10 ans dans ma tête sont en train d’éclore. Notre rêve n’est pas d’organiser tout de suite le concert des Rolling Stones. La montagne m’a appris la valeur de la patience : on voit le sommet mais si on prend un hélicoptère pour l’atteindre, que reste-t-il ensuite à faire ? La descente... Mais qui sait, peut-être finira-t-on par inviter les Rolling Stones au Rock On Snowboard Tour ? (sourire)
Propos recueillis par Nathalie Truche