En cette dernière manche de coupe du monde à Mont-Sainte-Anne (Québec), l’enjeu était de taille, si ce n’est écrasant : remporter le général de la coupe du monde DH 2025, et ce, à l'issue d’une saison riche en rebondissements.


Bruni VS Goldstone : un choc des titans
Ils étaient deux, deux légendes aux profils drastiquement différents, partageant 72 points d'écart au classement général.
D’un côté, celui qu'on ne présente plus, l’idole des jeunes, le prodige et surdouée du petit comme du gros vélo : Jackson Goldstone. À 21 ans, l’ancien freerider canadien est un ovni dans le paysage de la descente mondiale.
De l'autre côté, le patron, celui dont on use d’une périphrase élogieuse pour le désigner (superbruni) tant ses victoires ont été nombreuses et son palmarès inégalé. Nous faisons référence au Français Loïc Bruni, quintuple champion du monde et quadruple vainqueur du général de la coupe du monde.
Ainsi, c'était un match historique qui attendait ces deux emblèmes de la descente mondiale. Un match qui opposerait la fougue et le talent d’une jeunesse explosive face à l'expérience d’un vétéran ayant contribué au rayonnement de la discipline.
Des qualifications hautes en couleurs
Lors des qualifications, un podium digne d’une finale semblait déjà se dessiner : on y retrouvait Jackson Goldstone en troisième position, l'Américain Lucas Shaw à la deuxième place et enfin…notre Frenchie Loïc Bruni en leader. De quoi donner de l'espoir aux supporters chauvins de la discipline !

Mais le lendemain, tout ne se déroule pas comme prévu. Bruni chute lourdement aux entraînements et laisse planer le doute quant à sa participation pour la finale. Malheureusement, l’ultime manche n’attends pas…
Une Finale innatendue
L’Américain Ryan Pinkerton (Mondraker Factory Racing DH) signe un temps impressionant en 3’33’’05, meilleur que celui de Bruni en qualif. Andreas Kolb (YT Mob) survole ensuite la piste, plaçant un 3’32’’3 de référence. Derrière, Martin Maes et Ronan Dunne crèvent. Telle l’épée d’excalibur, le chrono de Kolb ne bouge pas d’un centimètre.

Puis vient le moment tant attendu. Goldstone s’élance sur sa terre natale avec la rage de tout rafler, porté par un public chaud comme la braise. Dans les bois, il saute plus loin que quiconque, reste debout malgré les erreurs, et trouve une vitesse hallucinante dans les derniers mètres. À la ligne : 3’30’’00, deux secondes de moins que Kolb. Le public exulte. Le héros local vient peut-être de signer le meilleur chrono de la journée. Luca Shaw (Canyon CLLCTV Factory Team), plus posé, prend lui la deuxième place.

L'attente est alors à son paroxysme, tous les regards sont rivés de l’autre côté de la piste, tout en haut, au start gate (ligne de départ). Mais rien ne se passe, la stupeur fait rage, pas la moindre apparition de Bruni devant la grille de départ. Il ne courra donc pas. Touché à la cuisse plus tôt dans la matinée, le Niçois abandonne le titre mondial. Le choc des titans n’aura pas lieu.
Je souffre d’une hémorragie interne. J’ai pris la décision de ne pas m’élancer (...). C’est très dur, mais c’est la bonne décision - Loïc Bruni

Le titre revient ainsi à Goldstone (Santa Cruz Syndicate) qui signe sans aucun doute la saison rêvée pour tout descendeur : cinq victoires, un titre mondial et la Coupe du Monde. Et ce, deux ans seulement après qu’il ait quitté la catégorie junior (à noter qu’il n’avait pas couru l’année dernière en raison d’une blessure au genou).
Je suis sans voix (...) J’ai fait plein d’erreurs, mais j’ai tout donné. J’espérais une vraie bagarre avec Loïc. On se retrouvera l’année prochaine - Jackson Goldstone

L'Américain Lucas Shaw et l’Autrichien Andreas Kolb complètent le podium. Bruni (Specialized Gravity) termine ainsi deuxième du général au terme d’une saison complexe tant sur le plan professionnel que personnel, car le descendeur attend un heureux événement dans les prochains jours : celui de devenir papa pour la première fois. Luca Shaw complète le podium général.
Résultats des Dames
1 an après sa victoire sur cette piste, la française Marine Cabirou (Canyon CLLCTV Factory Team) remet ça à nouveau, concluant sa saison sur une excellente note. Valentina Höll (YT Mob), titrée au général depuis la semaine passée, semblait tout de même se diriger vers une nouvelle victoire. Imperturbable sur le haut du parcours, elle comptait plus de six secondes d’avance avant qu’une crevaison ne vienne ruiner ses espoirs.

Gracey Hemstreet (Norco Race Division), galvanisée par le public canadien, tentait elle aussi de saisir sa chance. Elle était en avance sur les temps intermédiaires avant de chuter sur la partie finale, écartant de son chemin une victoire à domicile.
Et comme en 2024, c’est Cabirou qui a su trouver la limite sans la dépasser. Partie prudemment, elle a accéléré au fur et à mesure, jusqu’à s’imposer en 4’01’’6. Nina Hoffmann (Santa Cruz Syndicate), team mate de Goldstone, livre elle aussi une descente solide mais échoue à sept dixièmes, tandis que la française Myriam Nicole (Commencal/Muc-Off) complète le podium à 2,2 secondes, après une année en demi-teinte et une victoire en qualifications la veille.

La victoire de Cabirou clôt une saison dominée par Vali Höll, titrée au général devant Gracey Hemstreet et Tahnée Seagrave, mais elle rappelle que la Française reste une valeur sûre du circuit, capable d’être la meilleure quand tout le monde va à l’erreur.