Elle nous avait fait rêver lors des Jeux Olympiques de Paris l’an passé, cette année elle est de retour, plus forte que jamais, cette fois-ci sur le bitume brûlant des routes d’été du Tour de France Femmes avec Zwift. La championne française incontestée de toutes les disciplines à deux roues s’est lancé un challenge à la hauteur de ces aptitudes à coups de pédales exceptionnelles : remporter le Tour féminin dans les trois prochaines années. Mais c’est mal connaître Pauline qui figurait déjà dans les premières places du classement général jusqu’à prendre le maillot jaune au Col de la Madeleine et de ne plus le quitter jusqu’à l’arrivée à Châtel. Carnet de route de cette édition avec la plus grande et polyvalente athlètes du cyclisme français.
AU DÉPART DE VANNES
La seule mention du Tour de France évoque des souvenirs de jeunesse à la tricolore : « Je me rappelle que quand j’étais petite, j'étais dans le canapé devant la télé tous mes étés à regarder le Tour et à suivre toutes les étapes », relate-t-elle au site officiel Olympique. Cependant, un détail ne manque pas de lui échapper : « J’étais déçue de me dire qu’il n’y avait pas de Tour de France féminin. Il en existait un, certes, mais bien moins médiatisé que celui des hommes, et qui après a disparu, donc on ne se rendait pas vraiment compte qu’il y en avait un », se souvient-elle. Aujourd’hui, le cyclisme féminin est enfin considéré, son rêve de petite-fille enfin atteignable. Mais la récente vainqueur historique de Paris-Roubaix sait que la concurrence sera rude.
J’étais déçue de me dire qu’il n’y avait pas de Tour de France féminin. Il en existait un, certes, mais bien moins médiatisé que celui des hommes...
Deux mois et dix-sept jours après son retrait de la Vuelta, qui constituait sa dernière course, Pauline Ferrand-Prévot (Visma|Lease a Bike) est apparue particulièrement affûtée vendredi dans le Chorus de Vannes, où les coureuses étaient réunies à la veille du Grand Départ. Après sa victoire en avril sur Paris-Roubaix Femmes avec Zwift, la Française confiait s'être longuement préparée en altitude, notamment à Tignes en compagnie de sa jeune compatriote et coéquipière Marion Bunel, lauréate du Tour de l'Avenir l'an passé. « Je suis vraiment à mon pic de forme. Je me suis préparée du mieux possible. J'ai hâte de voir ce que ça va donner face à mes concurrentes. »
En revenant à la route cet hiver, la championne olympique de VTT s'était donnée trois ans pour remporter le Tour. Pense-t-elle pouvoir y arriver dès cet été ? « Bonne question. Cette année je suis surtout là pour apprendre, découvrir le Tour de France et courir une course par étapes sur neuf jours. Je me sens prête mais je n'ai pas envie de me mettre de pression supplémentaire, et pas de limite surtout. Je pense que les deux premiers jours vont être assez nerveux. Ça va être rapide, surtout la première étape qui est assez courte. Je pense que ce sera difficile de gagner le Tour sur les deux premières étapes, mais on pourra le perdre. Il faudra rester vigilante. »
COUPS D’ÉCLATS
Porteuse du mythique dossard numéro 51, Ferrand-Prévot s’inscrit déjà dans le sillon de tous ses porteurs légendaires : Merckx, Thévenet, Hinault, Pinot… un numéro de département qui lui rappelle aussi ses origines et qui lui tiendra chance. La première étape commençait déjà sur les chapeaux de roues. Pauline Ferrand-Prévot prenait la 3e place. La Française, en tête du peloton groupé sous la flamme rouge, a placé un puissant démarrage qui a laissé sur place toutes ses rivales et a permis à la sprinteuse néerlandaise, Marianne Vos, d’endosser le maillot jaune. Pendant ce temps, Pauline reste dans au chaud dans le peloton, dans la roue des favorites et attend patiemment son heure de gloire.
C'est une belle victoire et une belle leçon de vie aussi
GRIMPEUSE EN PUISSANCE
La huitième étape a vu la victoire au col de la Madeleine de la française. Irrésistible, la championne olympique de VTT s'est envolée dans la terrible montée finale (18,6 km à 8,1%) pour remporter son tout premier succès sur le Tour et endosser le Maillot Jaune à la veille du dénouement de l'épreuve. Dimanche, la championne olympique de VTT n'a jamais véritablement tremblé ce dimanche hormis une alerte en début d'étape suite à des cassures survenues dans la descente de Sallanches. En cette ultime journée, Pauline Ferrand-Prévot comptait bien marquer l’histoire non pas seulement du cyclisme mais du sport français dans toute sa splendeur. Au sein d'un groupe réduit à six unités dans le final, la champenoise s'est isolée à 6,7 kilomètres de l'arrivée pour signer son deuxième succès d'étape consécutif, le premier avec sa tunique dorée. Elle devient ainsi la deuxième Française vainqueure du Tour après Jeannie Longo (1987, 1988 et 1989), venue à Châtel féliciter son héritière.
UN RÊVE DE PETITE FILLE
Le Tour de France Femmes avec Zwift s’achève, laissant derrière lui une douce mélancolie, semblable à celle des derniers jours d’été qu’on espère déjà revivre. Sur le podium, des concurrentes de prestige : Demi Vollering, deuxième, et Kasia Niewiadoma-Phinney, saluées avant de célébrer la nouvelle lauréate de l’édition 2025. Sous les applaudissements nourris et les regards émerveillés de jeunes spectatrices qui rêvent à leur tour de devenir championnes, le cyclisme féminin confirme son essor et sa capacité à susciter l’enthousiasme populaire. Ferrand-Prévot, émue, mesure l’ampleur de sa performance : “C'est une belle victoire et une belle leçon de vie aussi. En vrai, je ne pensais pas du tout pouvoir gagner là [dès cette année] donc maintenant je ne sais pas ce que je vais pouvoir faire ! J'ai juste envie de profiter de ce moment car ça n'arrivera peut-être qu'une fois dans ma vie." Une victoire fruit de sacrifices pour cette championne désormais entrée dans l’histoire de l’épreuve.
SON HISTOIRE
Même si les présentations ne sont presque plus nécessaires, on ne peut résister à vous présenter Pauline Ferrand-Prévot et son palmarès aussi long qu’impressionnant. Née à Reims, Pauline grandit avec le cyclisme comme héritage familial, son père possédant un magasin de cycles et sa mère dirigeant une école de cyclisme. C’est donc dans cette école que Pauline et sa jeune sœur Axelle ont commencé leur voyage à vélo. À seulement 12 ans, elle s’impose déjà en remportant le Championnat de France junior, marquant le début d’une domination qu’elle confirmera dans toutes les catégories d’âge. Forte de plusieurs titres nationaux et européens, elle passe professionnelle en 2011, alors qu’elle est encore adolescente. En 2014, elle décroche le titre de championne du monde sur route, puis devient championne du monde de cyclo-cross l’année suivante. L’année 2015 est également marquée par son premier sacre mondial en cross-country VTT, une performance qu’elle renouvellera en 2019, 2020 et 2022. En 2022, Ferrand-Prévot s’adjuge aussi son premier titre mondial en gravel. Elle compte en outre deux titres européens en VTT (2020 et 2021), ainsi qu’un grand nombre de titres nationaux dans diverses disciplines.
Texte de Eloïse Picard
