Publié le 15 juin 2019
Apurimac,  l’appel de la riviere
Crédit photo : © We Are Hungry Production

Apurimac, l’appel de la riviere

Naviguer aux confins de l’Amazone
AVENTURE, SPORTS NAUTIQUES
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Carnet de Voyage, Kayak

Apurimac, un nom qui sonne comme un défi, comme un mystère mais surtout comme une incroyable aventure vécue par 6 kayakistes portés et bercés par la source la plus lointaine de l’Amazone au Pérou. Une descente risquée et périlleuse qui prendra tout son sens à son terme. Une leçon d’humilité, d’humanité et de dépassement de soi.

17 jours. Il aura fallu 17 jours pour descendre le long de la rivière Apurimac à ce groupe d’aventuriers, tous sans exception résolus à atteindre leur objectif coûte que coûte. Un voyage en autonomie au cœur d’une nature omniprésente et redoutable. Dans ces conditions, l’Homme sage se doit d’écouter, appréhender, déchiffrer et surtout s’adapter aux éléments qui, la plupart du temps, ne laissent pas le droit à l’erreur. Mieux vaut donc ne rien laisser au hasard, que ce soit en terme de préparation ou d’organisation.

6 kayakistes. Ce sont 6 âmes qui ont embarqué pour cette équipée sauvage, loin de tout. Boris, Boulby, Hugo, Coldo, Stéphane, Loulou. Livrés à eux-mêmes dans cet univers inconnu, ils ont dû vivre ensemble, s’épauler et traverser les difficultés de cette virée pas comme les autres.

325 km. 325 km d’eaux vives parcourus, tantôt en glissant sur des flots calmes, tantôt en affrontant des passages exigus, inconfortables, tours de passe-passe de Mère Nature.

1 expérience de vie. Une expérience unique vécue pleinement par ses protagonistes et dont chacun d’eux reviendra à jamais marqué et profondément changé.

Sur les traces des explorateurs

Le rêve de suivre les pas de ceux qui se sont aventurés dans cette partie de l’Amazone y est sans aucun doute pour quelque chose. La lecture des récits de baroudeurs qui, pour les premiers, ont fait la tentative dans les années 50, dynamise les fondus du kayak. Ils se projettent et émettent doucement le rêve qu’un jour ils seront à la place de ces explorateurs. La plus marquante de ces expéditions pour eux sera celle de Calvin Giddings. Cet américain s’est lancé sur ce cours d’eau redoutable en 1975 et finira, avec son expédition, par atteindre son objectif en 30 jours. Les histoires palpitantes, les joies et les difficultés racontées par ces précurseurs finissent de convaincre l’équipe qui embarque dans cette aventure avec une seule idée en tête, retourner sur les traces de ceux qui l’ont précédée dès que l’occasion lui en sera donnée. Ils souhaitent confronter également leur propre histoire, celle de 2019, avec le matériel et les moyens qui lui sont inhérents, à celles du passé. Seront-ils capables de venir à bout de ce périple?

Une danse plus qu’un combat, les kayakistes le savent, ici la nature ne se brave pas, elle s’apprivoise. 

Braver ou laisser faire la nature

Considérée comme la source la plus extrême de l’Amazone, l’Apurimac s’impose. Elle déroule son intimidant lit au milieu d’une végétation hostile, quelquefois ouverte sur un paysage de montagnes et collines, d’autres fois encaissée au milieu de parois immenses, menaçantes, qui laissent peu de lumière au tumulte des eaux quelques mètres plus bas. Le voyage débutera en altitude pour se finir dans la jungle amazonienne. Une succession de navigations finement assurées et contrôlées et de portages d’embarcations face à des siphons enragés. Sur la route, de surprenants lieux attendent les kayakistes. Entre autres, ils souhaitent s’arrêter en chemin pour découvrir les ruines de l’ancienne cité Inca de Choquequirao, considérée comme la petite sœur du Machu Picchu. Située à quelques 1500 mètres plus haut, elle permettra à la team de prendre une grande bouffée d’air après des jours cloisonnés au fond de gorges féroces, difficiles à dompter. Puis, au fur et à mesure des kilomètres, le géant d’eau se transforme, se métamorphose et devient plus puissant, alimenté par des affluents comme le Rio Pampas, malmenant les êtres qui tentent de le chevaucher. Ici, le cours d’eau devient large, les rapides rugissent et de longues gravières s’y dessinent. Le décor change, annonçant la fin de la croisière. A des paysages arides et des parois interminables, se succèdent une forêt luxuriante et la faune qui s’y abrite. Quel dépaysement! Les navigateurs n’en reviennent pas et terminent cette expédition des étoiles plein les yeux.

Les gars ont tout donné, tout craché pour venir à bout de cette épopée. Et pourtant rien n’a été laissé au hasard. L’équipe est d’accord, elle ne se lancera pas dans un rapide si la sortie n’est pas distinctement visible. Cette règle établie, ce sera une danse qui se mettra en place entre les aventuriers et la nature. Une danse plus qu’un combat, car les kayakistes le savent, ici la nature ne se brave pas, elle s’apprivoise.

En route pour l’Amazone

A l’origine, il y a la société de production, We Are Hungry. Hugo Clouzeau, réalisateur d’un précédent film sur un trip en Islande, est sollicité pour retenter une expérience similaire. Accompagné de Mathieu Coldobella dit «Coldo» et Stéphane Pion dit «Daron», ils forment le crew WAH ( We are hungry). Et ils ont faim! Faim d’expériences, d’aventures et de découvertes. Pour ce nouveau projet, l’objectif est ambitieux : trouver une rivière qui puisse les porter du début à la fin, en autonomie, sans utiliser le moindre autre moyen de locomotion. Après quelques temps de réflexion, l’Amérique du Sud et l’Amazone apparaissent alors comme une évidence. Coldo a déjà navigué sur une partie de ce cours d’eau durant 3 jours, il connaît d’ores et déjà les lieux. La décision est prise, la folle aventure commence. Il faut maintenant trouver le reste de l’équipe. Là aussi, les individus s’imposent comme des certitudes, comme des choix presque naturels. Boris, Loulou et Boulby viennent alors rejoindre l’équipe, chacun avec sa spécialité, son niveau et sa motivation. Ils proviennent des quatre coins de la France, ils se sont connus au coeur du monde du kayak et s’apprêtent à vivre ensemble une odyssée en terre inconnue qui les marquera à jamais.

Le parcours n’épargne personne et la résistance de chacun est mise à rude épreuve. 

Des Hommes et un message

Entre Stéphane, le plus âgé, qui cumule de nombreuses expériences en rivières; Coldo, la trentaine, baroudeur téméraire expérimenté en haute et grosse rivière; Boris, le petit nouveau de l’équipe, très bon kayakiste ayant navigué au Cap Horn et vidéaste amateur; Loulou, l’homme à la flûte de pan, prudent et toujours de bonne humeur; Boulby, l’hyperactif qui fonce souvent tête baissée ; et Hugo, le « relou » du groupe comme il se définit lui-même, toujours obligé de forcer le reste de l’équipe à s’arrêter pour sortir les meilleurs plans caméra… La team est balaise. La team est complémentaire. La team est soudée. Dans une telle aventure, l’entente est indispensable, il n’y a pas de place pour les états d’âme, où bien peut-être juste ceux qui ne durent pas. Entre eux, la bienveillance n’est pas forcée, elle est juste naturelle. Il n’y a pas un individu qui décide plus qu’un autre, le leadership est partagé, il se prend tour à tour par chacun en fonction du moment et de la difficulté. Tous le savent, il est essentiel d’être communicant et dire ce qui ne va pas, s’ils veulent persévérer et atteindre leur objectif.

Une complicité de tous les instants, véritable pilier du groupe au coeur de l’épreuve, comme lorsque Daron s’aperçoit, horrifié, qu’il vient de perdre son kayak dans un siphon… Des vivres et du matériel disparaissent avec lui dans les flots… Là, autant dire que les autres se doivent de rester compréhensifs et sereins! Certains d’entre eux n’ont jamais fait de voyages aussi longs en kayak et accusent le coup. Fatigue, maladies, stress, le parcours n’épargne personne et la résistance de chacun est mise à rude épreuve. Pourtant, au terme de ce trip, ils auront tous la sensation d’avoir vécu quelque chose d’incroyable. « A la fin du voyage, on a tous, sans exception, eu l’impression d’avoir vécu un truc important qui nous avait transformé, sans savoir vraiment comment. », rapporte Hugo. C’est intense, formateur, extraordinaire. Cette réflexion ira même plus loin. Dans ce dépouillement total, dans cette pérégrination insolite, les kayakistes relativisent sur leurs conditions de vie, leur confort une fois rentrés à la maison. Hugo raconte, « Dans ces environnements, on se retrouve dépouillés d’objets qui nous paraissent indispensables au quotidien en France. Et si finalement, nous n’avions pas besoin de tant de choses pour vivre bien et heureux? ».

Sauvage, unique, humaine, la croisade de ces 6 kayakistes passionnés est non seulement un exploit sportif à la hauteur du pays magnifique et de la rivière majestueuse qui l’ont accueilli, mais également une expérience rare de partage et d’humilité vécue par cette team exceptionnelle. Le film qui en découle expose sans détour les joies, émotions et peurs éprouvées au cours d’un tel voyage, des anecdotes aussi, le tout au plus près de ses protagonistes. Il nous transmet également un message. Sans tomber dans une forme d’injonction à la décroissance, suite à cette expérience, nous sommes peut-être aujourd’hui dans l’excès à vouloir toujours plus. Sachons nous contenter de peu et être à l’écoute de l’autre pour que la vie soit plus douce et les aventures de belles réussites !

Dans ce dépouillement total, dans cette pérégrination insolite, les kayakistes relativisent sur leurs conditions de vie. 

Texte : Olivia Bergamaschi

Production : We are Hungry - Réalisé par : Hugo Clouzeau - Durée : 54min
Film disponible en VOD sur

Apurimac,  l’appel de la riviere

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